User:Olivier/Worksheet/Église Sainte-Marthe de Tarascon WIP
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Crypte
[edit]Marble
[edit][1][2] Il existe néanmoins un cas très intéressant où « le désir de marbre » a été si fort qu'il parvint à faire venir de Gênes beaucoup plus qu’une simple statue : celui de l'église basse de la collégiale de Sainte-Marthe à Tarascon, c’est-à-dire la crypte où se trouvent les restes vénérés de la sainte qui, selon la tradition provençale, évangélisa la région et chassa la Tarasque, le dragon. Autour de 1650, l'archevêque d’Avignon Domenico de Marini, d'origine génoise, commanda à Tomaso Orsolino une chapelle entière, dans le but de donner au tombeau de sainte Marthe une image « moderne » – selon les nouveaux canons du baroque romain – et par là de revivifier le culte pratiqué dans un des lieux majeurs de la dévotion provençale. L'œuvre d'Orsolino arriva par le fleuve en plusieurs convois : elle comprenait le pavé, la couverture des parois et de la voûte en carreaux et plaques de marbre blanc et noir, l’autel incrusté de marbres colorés et de pierres précieuses, et surtout le lit de la sainte endormie en marbre blanc de Carrare. Ce monument, unique en son genre en France, connut un immense succès dont témoignent aussi bien l'affluence du peuple, qui stationnait des journées entières devant la nouvelle image de la sainte, que les récits des voyageurs jusqu’au XIXe siècle. Il fut malheureusement démoli en 1979 dans le but de redonner à la chapelle son aspect médiéval [note]. Le cas de cette œuvre, destinée à un lieu précis et payée à prix fort, car exécutée sur commande, montre comment le marbre génois pouvait intervenir dans la décoration des églises de Provence en transformant dans le même temps des images de dévotion codifiées par une longue tradition.
Note: Francesca Fabbri, « Domenico De Marini, archevêque d’Avignon (1648-1669) : un renouvellement artistique et dévotionnel en Provence baroque », in Guy Bedouelle, Antoine Lion, Luc Thévenon, Les Dominicains et l'image. De la Provence à Gênes, XIIIe-XVIIIe siècle, Mémoire dominicaine, n. VII, Nice, Serre Éditeur, 2006, p. 175-191.
Thomas Platter
[edit]- Platter, Félix; Platter, Thomas (1892). Félix et Thomas Platter à Montpellier, 1552-1559, 1595-1599 : notes de voyage de deux étudiants balois publiées d'après les manuscrits originaux appartenant à la Bibliothèque de l'Université de Bâle. Montpellier: Camille Coulet, libraire.
Thomas Platter (1574-1628), originaire de Bâle s'est rendu à la foire de Beaucaire en 1597, alors que, âgé de 23 ans, il étudiait la médecine à Montpellier. Il en a profité pour visiter Tarascon, et en particulier la crypte de l'Eglise Sainte-Marthe. Il mentionne une inscription datée de 1525, mais pas celle évoquant le passage de François Ier en 1516 (ce qui au vu de la brièveté de son compte-rendu ne prouve pas pour autant qu'elle n'y était pas encore). Voici ce qu'il a écrit (l'original est en dialecte bâlois) :
« A cette époque, l'affluence des étrangers est telle qu'ils ne peuvent tous loger en ville et sont obligés, comme nous fîmes, d'aller coucher à Tarascon en Provence. Nous en profitâmes pour visiter le lendemain (26 juillet) cette ville, qui possède un beau château fort rectangulaire, flanqué de quatre tours, couronnées par des plateformes garnies de canons. Dans la dernière guerre, le maréchal d'Ornano tenait Tarascon pour le duc d'Épernon, tandis que le connétable de Montmorency tenait Beaucaire pour le roi de France. Le maréchal possède, dit-on, un très beau cabinet dans ce château.
Non loin de là, on voit dans l'église paroissiale le tombeau de sainte Marthe, avec sa statue et l'effigie du dragon qu'elle dompta, comme l'indique cette inscription datée de 1524 :
La chapelle souterraine qui renferme ce trésor royal est le but de force pèlerinages, et chaque fois, nous a-t-on assuré, qu'un visiteur se présente, une petite cloche avertit les quatre consuls qui arrivent aussitôt, pour ouvrir, avec un saint respect, la châsse ornée de pierres précieuses. On voit alors, au naturel, le visage de Marthe, au front de laquelle est encore intact et bien conservé le morceau de chair que toucha le Christ.
Comme il n'existe pas de pont entre Tarascon et Beaucaire, nous repassâmes le fleuve en bateau et nous eûmes encore le loisir, en attendant de reprendre, après dîner, nos montures pour Uzès, de promener le long du Rhône et d'assister à l'arrivée des nombreux bateaux de Lyon, de Marseille, etc. Il y avait beaucoup de chevaux au marché, surtout de ces beaux chevaux de Barbarie qui viennent de Marseille. »
Note: 1584-1586. Alphonse d’Ornano, général des Corses, est nommé gouverneur de Tarascon par Henri III, roi de France. Montmorency-Damville, gouverneur du Languedoc et partisan des Huguenots, cherche à s’emparer du château depuis Beaucaire.[3]
Paintings
[edit]- Faillon, Étienne-Michel (1835). Monumens de l'église de Sainte-Marthe à Tarascon, département des Bouches-du-Rhône. Tarascon: Élisée Aubanel, Imprimeur-libraire.
- 6. Sainte Marthe triomphe du monstre appelé Tarasque. Tableau de Carle Vanloo. 1730.
Saint lazare prêcha l'Évangile à Marseille, où il est honoré comme premier évêque et patron du diocèse; saint Maximin à Aix, qui l'honore pareillement comme son premier évêque et son patron ; sainte Madeleine se retira à la Sainte-Baume, et sainte Marthe prêcha d'abord à Avignon. La tradition ajoute que les habitans de Tarascon éprouvoient alors les fureurs d'une bête farouche qui se tenoit près de leur ville, et dévoroit les hommes et le bétail. De la crainte ils étoient passés à la vénération ; et cet animal, regardé comme sacré, étoit pour toute la contrée l'objet d'une superstition aveugle. Frappés des miracles que sainte Marthe opéroit à Avignon, ils la prièrent de venir les délivrer d'un si horrible fléau. Elle se rendit à leur désir, dans l'espérance de gagner ce peuple à l'Évangile; et, s'avançant vers la caverne du monstre sans autre défense qu'une croix, elle lui com mande, au nom de Jésus-Christ, de venir à elle sans faire aucun mal à personne. Le monstre obéit, et s'abaisse aux pieds de la sainte. Elle le lie avec sa ceinture, et le conduit vers le peuple, qui, tournant sa vénération en mépris, met en pièces l'animal.
C'est le sujet le plus ordinaire des peintures de sainte Marthe : on la représente ayant une croix et un aspersoir à la main, et à ses pieds un monstre horrible, attaché avec sa ceinture. Carle Vanloo en a fait le sujet d'une de ses plus belles et de ses plus harmonieuses compositions. Ce tableau faisoit suite autrefois à la collection de Vien. Il est aujourd'hui dans l'église paroissiale de Saint-Jacques (1) de cette ville. C. Vanloo a su y déployer toutes ses grâces et la richesse de son coloris. Dans l'héroïne, on admire les beautés du dessin et les finesses de la nature. Quel heureux contraste, que la douceur, l'assurance modeste de la sainte, et l'aspect farouche de l'amphibie ! En signe de son triomphe, elle pose le pied sur l'animal, et cet effort se fait très-bien sentir dans sa main droite. L'animal, comme apaisé par la présence de la sainte, la regarde avec stupeur, et semble oublier le cadavre qu'il tient sous ses énormes griffes. Autour de lui, et à l'entrée de la forêt, sont des ossemens humains épars çà et là. Ce tableau, que l'auteur exécuta à Rome en 1730, lui mérita, ainsi que celui de saint François, dont nous parlerons bientôt, l'estime des artistes de cette capitale, et surtout celle du cardinal de Polignac, qui écrivit en sa faveur au duc d'Antin, et le fit gratifier d'une pension. Le souverain pontife décora Vanloo du titre de chevalier, distinction qu'il accompagna d'un brevet encore plus flatteur et plus honorable. Il seroit difficile de déterminer quel fut ce monstre dont sainte Marthe délivra Tarascon. La figure que Vanloo en a tracée, n'est qu'une production heureuse de l'imagination de ce grand peintre. Le nom de Tarasque qu'on lui donne, et qui ne signifie qu'une chose horrible à voir, vient sans doute de celui de la ville appelée déjà Tarascon avant l'arrivée de sainte Marthe (2), et ne peut rien nous apprendre sur la nature de l'animal. Les descriptions que plusieurs auteurs du moyen âge en ont laissées ne sont pas d'un plus grand secours, ni même les figures qui nous en restent, à cause des variétés considérables qu'elles offrent entre elles. Cet animal, d'une forme assez simple et naturelle sur le bas-relief de l'ancien tombeau de sainte Marthe, (pag. 30), paroît sous une forme nouvelle, au douzième siècle, sur les sceaux (3), et ensuite sur les monnoies de Tarascon (4); et enfin, après l'institution des jeux de la Pentecôte par le roi René, il se montre différent encore. Ce fut sans doute alors qu'on lui donna la carapace, ou le bouclier armé de cornes, afin de loger plus commodément dans cet énorme simulacre les hommes qui devoient en faciliter le transport; et ce changement passa aux sceaux de la ville (5). Le jour de la fête de Sainte-Marthe, on porte devant la procession une représentation de l'animal, qu'une jeune fille, vêtue de satin bleu, et en voile rose, tient attachée avec une ceinture de soie : elle a un bénitier et un aspersoir à la main, et figure sainte Marthe triomphant de la Tarasque. Pour rendre l'allégorie plus frappante, le simulacre ambulant détourne de temps en temps sa masse sur les groupes qui bordent le passage ; il avance sa tête, et ouvre sa large gueule, comme pour les dévorer. La jeune fille fait alors aspersion sur lui, et incontinent l'animal s'apaise, et semble oublier sa férocité (6). Devant et derrière le monstre, des hommes armés de vieilles piques ou de masses d'armes, et revêtus d'habits légers qui imitent, par leur forme singulière, les armures de fer du moyen âge, désignent, dit-on, le peuple de Tarascon qui mit en pièces la Tarasque (7).
(1) Cette église, rebâtie en 1740 par Antoine Damour, maître maçon de Tarascon, sur les plans de Franque et de Brun, coûta 32,550 francs, dont 4000 furent donnés par un petit-neveu de l'illustre archevêque de Cambrai, François de Salignac de la Motte Fénelon, doyen de Sainte-Marthe, et en cette qualité décimateur et curé primitif de la paroisse Saint-Jacques. La maison curiale, bâtie en 1749 par Laurent Imbert et autres, coûta 6950 francs.
(2) Strabon, qui vivoit sous Auguste, donne à Tarascon le même nom que cette ville porte encore aujourd'hui. Ptolomée en fait aussi mention sous ce nom, ainsi que Pomponius Méla.
(3) Le sceau de Tarascon, en usage aux douzième et treizième siècles, a été gravé assez grossièrement dans l'ouvrage intitulé : Recueil de sceaux du moyen âge, dits sceaux gothiques, Paris, 1779, in-4°, planche xI. L'auteur, dans l'explication qu'il en donne p. 7, après avoir dit qu'on y voit un château accosté de deux petites portes, ajoute qu'il y a au bas un dragon pour le garder. Ce dragon n'est pas là pour garder le château; c'est la Tarasque, partie essentielle et distinctive des armes de Tarascon.
(4) Les comtes de Provence, et les rois de France après eux, firent battre monnoie à Tarascon, où les monnoyeurs formoient une confrérie distincte qui avoit ses Prieurs et ses statuts.
(5) La forme singulière qu'on donne communément à ce monstre a fait conjecturer à quelques auteurs, que la Tarasque n'est probablement qu'une figure du paganisme ainsi personnifié : supposition qui ne seroit pas dénuée d'exemples dans les antiquités chrétiennes. On sait que Gonstantin se fit représenter dans son palais à Constantinople ayant sous ses pieds un dragon percé, figure de l'idolâtrie ; dans l'église d'Uzale, en Afrique, on représenta saint Etienne armé d'une croix, et chassant un dragon de la ville; et enfin au moyen âge, on portoit quelquefois aux processions la figure d'un monstre qui marchoit devant la croix, pour indiquer le triomphe de Jésus-Christ sur les superstitions païennes. Il est néanmoins certain que plusieurs saints ont triomphé de divers animaux féroces. Jésus-Christ a même donné, comme une preuve de la divinité de sa doctrine, le pouvoir que plusieurs des siens exerceroient ainsi sur les bêtes farouches : serpentes tollent : prédiction justifiée à la lettre par plusieurs saints, comme l'histoire en fait foi. On ne peut conclure, par conséquent, que les figures de monstres qu'on associe aux représentations de plusieurs saints, soient toutes de pures allégories. Dans le doute, on devroit, ce semble, invoquer la tradition; mais on ne voit pas qu'elle ait jamais varié sur la réalité du monstre appelé Tarasque. Nostradamus est le premier qui ait tourné la chose en allégorie; (Histoire de Provence, 1" partie, p. 29.) encore fait-il observer que c'est son opinion particulière, opinion qu'il semble même avoir rétractée dans un autre endroit de son Histoire, page 677 : « Quoi qu'il en soit, il est à présumer, dit-il, que ce commun consentement, et l'approbation de tant d'hommes, nés et venus de temps en temps, qui ne se sont opposés à cette créance, est un argument si ferme, et tellement solide et nerveux, qu'il ne se doit aisément ni renverser ni détruire. »
(6) Millin, parlant de cette procession, suppose plusieurs circonstances inconnues aux habitans du pays, et nous oblige de croire qu'il ne la connoissoit que par oui-dire, quoiqu'il ait l'air d'en parler comme témoin. On diroit même qu'il n'a point visité l'église de Sainte-Marthe ; au moins faut-il convenir qu'il l'a bien lestement parcourue. Il n'y a vu aucun des beaux tableaux qu'elle renferme, ni rien de remarquable dans l'église souterraine ; il n'y a pas même aperçu le tombeau de Jean Cossa, que cependant on ne peut s'empêcher de voir en passant; et l'on ne comprend pas comment il assure que ce tombeau a été détruit. Il est parfaitement conservé : nous en donnons ci-après la description et le dessin.
(7) Cette troupe d'hommes armés est peut-être un reste du guet de sainte Marthe ; car anciennement la ville mettoit ce jour-là un certain nombre d'hommes sous les armes, tant pour accompagner les consuls, que pour veiller à la sûreté de la ville, où affluoit une grande multitude d'étrangers.