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User:Merarvm3

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DEDICACE


A Dieu tout puissant ; A notre chérie Callixta KANEZA ; A nos familles.


Par Mérard MPABWANAMAGURU











AVANT PROPOS

Ce travail a été exécuté au prix de multiples efforts. Nous pensons particulièrement à Mr GAKINAHE GAJU Charles qui a accepté volontiers sa direction malgré ses multiples occupations. Ses remarques et ses sages conseils nous ont servis de lumière.

Notre sentiment de gratitude s’adresse également envers tous nos éducateurs de tous les niveaux d’étude. Grâce à eux, nous avons reçu notre formation intellectuelle.

Nous rendons hommage à tous nos informateurs qui nous ont aidé à pouvoir expliquer certaines situations.

Enfin, nous saluons l’assistance tant matérielle que morale de la part de nos parents, frères et sœurs et tous nos amis qui ont contribué à faire arriver nos études et ce travail à terme.









SIGLES ET ABREVIATIONS

AJEMAC : Association de la Jeunesse en Matières Agricole et Culture BAD : Banque Africaine de Développement CCN : Crête Congo-Nil DEMP : Decentralisation and Environnemental Management Project. ENP/TTC : Ecole Normale Primaire / Teacher Training Center IPESAR : Institut Presbytérien des Sciences Appliquées de Rubengera ESP : Elevage en Stabulation Permanente LAE : Lutte Anti-Erosive MINAGRI : Ministère de l’Agriculture MINECOFIN : Ministère de l’Economie et de Finance MINITERRE : Ministère de Terre ZAC : Zone Agro-Climatique









TABLE DES MATIERES

DEDICACE i AVANT PROPOS ii SIGLES ET ABREVIATIONS iii TABLE DES MATIERES iv LISTE DES FIGURES vi LISTE DES CARTES vi LISTE DES PHOTOGRAPHIES vi LISTE DES TABLEAUX vii LISTE DES ANNEXES vii SOMMAIRE viii ABSTRACT ix 0. INTRODUCTION GENERALE 1 0.1. PROBLEMATIQUE 1 0.2. INTERET DU SUJET 2 0.3. QUESTION DE DEPART 3 0.4. OBJECTIS 3 0.4.1. Objectif général 3 0.5. HYPOTHESES 4 0.6. METHODES ET TECHNIQUES 4 0.6.1. Méthodes 4 0.6.1.1. La méthode historique 4 0.6.1.2. La méthode comparative 4 0.6.2. Techniques 4 0.6.2.1. La recherche documentaire 4 0.6.2.2. L’enquête par questionnaire 5 0.6.2.3. Analyse et présentation des données par les logiciels et les outils de SIG 5 0.7. DIFFICULTES RENCONTREES 5 0.8. STRUCTURATION DU TRAVAIL 6 CHAP I. PRESENTATION GENERALE DE LA ZONE D’ETUDE 7 1.1. INTRODUCTION 7 1.2. CARACTERISTIQUES PHYSIQUES DU SECTEUR RUBENGERA 7 1.2.1. Une région au relief étagé très contrasté 7 1.2.1.1. La bande côtière 9 1.2.1.2. La région de collines 9 1.2.1.3. Les montagnes de l’est 9 1 .2.2. Un Réseau hydrographique dense 11 1.2.3. Caractéristiques agro-climatiques du secteur de Rubengera 12 1.2.3.1. Climat 12 1.2.3.2. Sols 16 1.2.3.3. Végétation 17 1.3. LES CARACTERSTIQUES HUMAINS DU SECTEUR DE RUBENGERA 19 1.3.1. Une population jeune majoritairement composée d’agriculteurs 19 1.3.2. Une économie à base d’agriculture et d’élevage mais avec le secteur tertiaire émergeante 21 CONCLUSION PARTIELLE 22 CHAP II. ELEVAGE ET ENVIRONNEMENT DANS LE SECTEUR DE 23 RUBENGERA 23 2.1. LE SECTEUR DE L’ELEVAGE A RUBENGERA 23 2.1.1 .Introduction 23 2.1.1.1. Le gros bétail : une activité ancienne en pleine révolution 24 2.1.1.2. Le mouton : un sous-produit de l’élevage bovin 24 2.1.1.3. La chèvre : un animal qui s’adapte aux conditions actuelles d’élevage 25 2.1.1.4 .L’élevage porcin : une activité a ses débuts 25 2.1.2. La situation actuelle de l’élevage dans le secteur de Rubengera 26 2.1.2.1. Effectifs 26 2.1.2.2. Les races exploitées 27 2.1.2.3. Systèmes et modes d’élevage 29 2.1.2.4. Cadre politico-institutionnel et organisationnel de l’élevage dans le secteur de rubengera 31 2.1.2.4.1. L’Etat 31 2.1.2.4.2. Les producteurs 32 2.1.2.4.3. Les prestataires de services 32 2.1.2.4.4. Les consommateurs 33 2.2. LES INTERACTIONS ELEVAGE-ENVIRONNEMENT 33 2.2.1. L’érosion causée par le parcours des animaux 33 2.2.2. L’élevage et la perte de la biodiversité 34 2.2.3. L’élevage et déboisement 36 CONCLUSION PARTIELLE 36 CHAP III. L’ELEVAGE EN STABULATION PERMANENTE ET SON APPORT 37 SUR LA PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT DANS LE SECTEUR DE RUBENGERA. 37 3.1. L’ELEVAGE EN STABULATION PERMANENTE ET LA LUTTE ANTI EROSIVE. 37 3.2. L’ELEVAGE EN STABULATION PERMANENTE ET LE REBOISEMENT 38 3.3. L’ELEVAGE EN STABULATION PERMANENTE ET LA LUTTE CONTRE LA DEGRADATION DE LA BIODIVERSTE 40 3.4. L’ELEVAGE EN STABULATION PERMANENTE ET LE RETABLISSEMENT DE LA FERTILITE DU SOL 41 CONCLUSION PARTIELLE 43 CONCLUSION GENERALE ET RECOMMANDATIONS 44 REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 46 ANNEXES I 1.1. Les espèces rencontrées dans la région et leurs propriétés II 1) Calliadtra Calotyrsus II 2) Leucoena Leucocephala II 3) Sesbania Sesban III 4) Ficus Sp. III 5) Bambusa Vulgaris IV 2.1..QUESTIONNARE RESERVE AUX AGRICULTEURS-ELEVEURS IV 2.2. QUESTIONNAIRE RESERVE AUX AUTORITES DE BASE VI

LISTE DES FIGURES

Figure 1: Le profil topographique de la région ouest de la CCN ……………………..10

LISTE DES CARTES

Carte 1: Le secteur Rubengera dans le district De Karongi 8 Carte 2: Extension des zones agro-climatiques dans le secteur Rubengera 13 Carte 3: Répartition des précipitations dans le secteur Rubengera 16 Carte 4: Carte de l’utilisation du sol du secteur de Rubengera 18 Carte 5: Répartition spatiale de la population du secteur Rubengera 20

LISTE DES PHOTOGRAPHIES Photo 1: Races bovines exotiques exploitées dans le secteur de Rubengera 28 Photo 2: Races caprines exotiques que l’autorité est en train d’essayer l’introduction dans le secteur de Rubengera 28 Photo 3: La stabilisation des talus des terrasses radicales par les herbes et arbustes fourragers 38 Photo 4: Plantation des arbres fourragers dans la zone non cultivable de 10m autour d’une route 40 Photo 5: Plantation des herbes fourragères dans la bande non cultivable de 10m autour des rivières 40


LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1: La superficies des bassins versants des principaux cours d’eau du secteur Rubengera 11 Tableau 2: La couverture du secteur Rubengera par les zones agro-climatiques 13 Tableau 3: Caractéristiques des zones agro-climatiques couvrant le secteur de Rubengera 14 Tableau 4: Caractéristiques des sols du secteur Rubengera 17 Tableau 5: Occupation du sol dans le secteur Rubengera 18 Tableau 6: Evolution de l’effectif des bêtes de race ordinaire et améliorée durant la période 2006-2007 27


LISTE DES ANNEXES

Annexe 1. UN MOT SUR LES ARBRES ET ARBUSTES FOURRAGERS DANS LE SECTEUR DE RUBENGERA I Annexe 2. QUESTIONNAIRES D’ENQUETE IV







SOMMAIRE

Dans le secteur de Rubengera du district Karongi, comme ailleurs au Rwanda, les nouvelles stratégies et politiques ont été adoptées pour que la croissance économique corresponde à la croissance démographique observée dans le pays. C’est dans ce cadre que l’élevage en stabulation permanente a été instauré pour augmenter la qualité et la quantité des dérivés de l’élevage ainsi que pour accroître la surface cultivable,. Notre étude intitulée « Apport de l’élevage en stabulation permanente sur la protection de l’environnement : cas du Secteur Rubengera, District Karongi » a été menée dans le cadre de montrer comment la mise en application de cette politique de l’élevage en stabulation permanente n’a pas seulement satisfait à cet objectif d’augmenter le rendement de l’élevage et dégager les espaces pour l’agriculture mais qu’elle a aussi eu beaucoup de bienfaits pour l’environnement. Les résultats auxquels nous avons aboutis au cours de cette étude montrent que ces bienfaits consistent à l’augmentation des plantes anti-érosives, la croissance plus intéressante des arbres nouvellement plantés et l’augmentation du fumier. Pourtant, nous avons remarqué que ces bienfaits requièrent une attention et un suivi de la part de la population et des dirigeants de ce secteur pour qu’ils puissent être durables.






ABSTRACT

In the sector of Rubengera of Karongi District, like elsewhere in Rwanda, the new strategies and policies were adopted so that the population growth and the economic growth can go hand in hand. It is within this framework that the breeding in permanent stalling was established to increase the quality and the quantity of the breeding derived products and to free additional land for agriculture. Our study entitled “Contribution of the breeding in permanent stalling on environmental protection: case of the Rubengera Sector, Karongi District” was carried out within the framework to show how the application of this policy of the breeding in permanent stalling did not only satisfy this objective of increasing the output of the breeding and to free land for agriculture but that it had also many benefits for the environment. The results to which we ended during this study show that these benefits consist of the increasing of the anti-erosive plants, the fast growth of the planted trees and the increasing of the manure. Nevertheless, we have remarked that these benefits require a great attention and follow up from the population and the leaders of this sector to make them sustainable. 0. INTRODUCTION GENERALE

0.1. PROBLEMATIQUE

“En Afrique subsaharienne, peut-être plus que dans toute autre région du monde, l’élevage fait partie de la vie des populations » (HOSTE Christian, 1986). L’affirmation de cet auteur est tout à fait vraie pour le Rwanda. En effet, l’élevage est l’une des activités économiques essentielles pour le Rwanda ; 88,6% de la population vit de l’agriculture (MINECOFIN, 2002) et comme le précise l’auteur HARVARD Duclos (sd), l’animal est à la base de l’agriculture et on ne peut concevoir une exploitation agricole sans bétail. La situation est rendue plus sérieuse dans le cas du Rwanda par la surexploitation du sol qui réclame alors l’application obligatoire du fumier pour donner de bons rendements.

Jusque tout récemment, les politiques d’élevage qui se sont succédées allaient dans le cadre de l’élevage extensif. Pourtant, avec une augmentation progressive de la population, soit un taux d’accroissement annuel de 2,9% (GATEMBEREZI Sylvestre, 2006), l’élevage extensif est devenu de plus en plus difficile voire impossible de telle manière que le gouvernement jugea alors nécessaire de passer à des politiques plus intensives de l’élevage.

La pression démographique, soit 310hab/Km2de densité physiologique avec seulement 46% de terre cultivable (MINITERRE, 2005), a fait que les espaces qui devraient servir de fermes ont plutôt servi à l’agriculture et ainsi la seule méthode d’intensification de l’élevage qui restait était celle d’ESP. Alors, le gouvernement l’impose dès l’an 2005.

La première motivation qui était à l’esprit de ceux qui ont élaboré cette politique d’ESP était d’abord de rehausser le rendement de l’élevage; pourtant, on remarque que sa mise en application a eu beaucoup de répercussions positives sur la protection de l’environnement. Ainsi, des exemples abondent de l’augmentation des plantes fourragères, que ce soit ligneuses ou herbeuses, dans les champs des paysans et ceci a été un acquis non négligeable pour les méthodes anti-érosives déjà en cours depuis les dernières décennies.

En plus, la production du fumier s’est accrue. En effet, l’on constate que quand le bétail reste en étable, la quantité du fumier récupéré est notablement plus grande pour un même nombre de bêtes. Cet accroissement contribue alors à l’éradication du problème de la dégradation de la qualité du sol.

Néanmoins, dans les campagnes de sensibilisation de la population dans le cadre de cette politique d’élevage en étable, cet aspect environnemental est souvent laissé à côté. On se demanderait alors pourquoi on le néglige puisque , à notre point de vue, envisager cette politique non seulement dans le cadre économique mais aussi dans un angle environnemental permettrait de faire un pas de plus dans la lutte contre la dégradation de l’environnement , la base même du développement durable.

0.2. INTERET DU SUJET

Apres avoir remarqué que cet apport environnemental de la pratique de l’élevage en étable n’est pas donné toute l’importance lui étant due, nous avons pensé que la cause principale était le manque des recherches qui pouvaient servir de guide tant pour les élaborateurs de cette politique que pour ceux qui sont chargés de sa mise en exécution. C’est dans ce cadre que nous avons jugé nécessaire de faire une étude là-dessus afin de mettre à jour ses bienfaits environnementaux dont on perd souvent la vue, qui pourtant pouvaient être renforcés mais seulement si on en avait une vision assez claire.

Notre choix du secteur de RUBENGERA comme zone d’étude nous a été dicté surtout par sa situation topographique. En effet, cette zone située à la façade ouest du rempart que constitue la crête Congo Nil est très fragile face à l’érosion et beaucoup d’autres facteurs de dégradation de l’environnement. Les pentes très raides, les précipitations abondantes et les types des sols y rencontrés font que cette région soit très vulnérable à l’érosion et quand on ajoute à ceux ci une densité de population très forte, la dégradation de l’environnement devient alors spectaculaire. Ainsi, la contribution de cette politique à la protection de l’environnement à été très bénéfique dans cette partie du pays.

0.3. QUESTION DE DEPART

Avant d’aborder le sujet, nous nous sommes posés la question suivante : « Quelle est la contribution de la politique d’élevage en étable à la protection de l’environnement ? ».

0.4. OBJECTIS 0.4.1. Objectif général

L’objectif général de ce travail est de déterminer la part de la politique d’ESP dans le succès des diverses politiques de conservation et de protection de l’environnement et de montrer comment cette part peut être renforcée.

0.4.2. Objectifs spécifiques

Les objectifs spécifiques de cette étude sont les suivants : 1) Dégager l’impact de l’ESP sur la mise en application des méthodes anti-érosives. 2) Montrer la contribution de la politique d’ESP dans le succès de la politique du reboisement. 3) Analyser l’effet de l’ESP sur la vitesse de diminution de la fertilité du sol. 4) Montrer la part de l’ESP dans la protection contre la dégradation de la biodiversité. 0.5. HYPOTHESES

Au cours de cette étude, les hypothèses suivantes ont été examinées : 1) L’ESP a un impact positif sur l’augmentation des plantes anti-érosives plantées au début des parcelles champêtres. 2) L’arrêt de la circulation des animaux permet une croissance sûre et rapide des arbres qu’on plante dans le cadre de la politique de reboisement national. 3) Le séjour permanent de l’animal en étable permet l’augmentation du fumier.

0.6. METHODES ET TECHNIQUES

0.6.1. Méthodes

0.6.1.1. La méthode historique

Cette méthode nous a permis de montrer l’évolution de l’élevage dans le secteur de Rubengera.

0.6.1.2. La méthode comparative

Cette méthode nous a aidé à faire une comparaison entre l’état de l’élevage et de son impact environnemental avant et après l’introduction de la politique d’ESP dans notre zone d’étude.

0.6.2. Techniques 0.6.2.1. La recherche documentaire

L’exploration et l’exploitation de la documentation existante surtout celle qui est directement en rapport avec notre sujet nous a été utile dans notre recherche. Nous avons exploité les documents suivants : Les ouvrages généraux Les mémoires Les publications diverses Les rapports et enquêtes administratifs Les revues Les cartes, etc.

0.6.2.2. L’enquête par questionnaire

Nous avons aussi fait une enquête par questionnaire pour compléter les informations recueillies lors des observations et de l’exploitation de la documentation disponible. Le premier questionnaire a été réservé aux éleveurs dans la zone concernée par l’étude. Le deuxième a été adressé aux autorités locales du secteur Rubengera dont les Secrétaires Exécutifs des cellules et quelques Coordinateurs des villages.

0.6.2.3. Analyse et présentation des données par les logiciels et les outils de SIG

Les logiciels comme ArcGIS et ses outils comme GPS nous ont permis de réaliser les cartes et les mesures en rapport avec notre travail de recherche.

0.7. DIFFICULTES RENCONTREES

Les difficultés que nous avons dus surmonter pour réaliser ce travail ont été les suivantes :  Les réformes consécutives qu’a connu la structure administrative ces dernières années ont fait que les données se rapportant à des différentes circonscriptions (districts, secteurs, cellules,...) sont très difficiles à collecter surtout quand il s’agit des données sur l’évolution qu’a suivi un phénomène donnée dans le passée. Ainsi, il nous a été très difficile de trouver les données sur l’historique de l’élevage dans le secteur Rubengera et sur l’évolution par exemple des espaces boisés dans le même secteur.  La base des données du CGIS-NUR dont nous nous sommes servi, en grande partie, pour la réalisation des cartes au cours de notre travail contient surtout des données sur les circonscriptions administratives non encore en cours. Ceci nous a contraint de consacrer de longues périodes pour la descente sur terrain ce qui a perturbé un peu l’horaire que nous nous avions fixé au début.

Pourtant, l’aide que nous avons bénéficiée surtout de l’agronome du secteur Rubengera, TWAGIRIMANA Emmanuel, et de notre professeur du GIS, Dr MICHELLE Shilling, nous a permis de pouvoir jongler avec ces problèmes et de mener à terme ce travail dans les délais prévus.

0.8. STRUCTURATION DU TRAVAIL

La structure de notre travail est la suivante. Apres l’introduction générale, le premier chapitre présente le cadre général physique, socioéconomique et démographique du secteur Rubengera.

Le second chapitre commence par une description de la situation de l’élevage dans ce secteur, son évolution et son état actuel, et poursuit par l’analyse de l’influence des activités d’élevage sur l’environnement. Le dernier chapitre présente les effets de la pratique de la stabulation permanente sur l’environnement.





CHAP I. PRESENTATION GENERALE DE LA ZONE D’ETUDE

1.1. INTRODUCTION

Le secteur administratif de Rubengera est situé au nord du district de Karongi dans la province de l’Ouest. Il s’étend entre 29º 9' 32.606" et 29º 28' 46.696" de longitude Est et entre 2º 1' 18.667" et 20 5' 1.053" de latitude sud. Il est limité au nord par le secteur Mushubati du district Rutsiro, à l’Est par le secteur Rugabano, au sud par les secteurs Gitesi et Bwishyura et à l’Ouest par la RDC (Voir la carte 1). Le présent chapitre parle des caractéristiques générales du secteur de Rubengera en se bornant surtout sur celles qui sont susceptibles d’influer sur son profil environnemental. Il comportera de 2 volets ; le premier sur les traits physiques du secteur Rubengera où sa topographie, son climat, son hydrographie et sa végétation seront examinés et le deuxième sur les traits humains là où on va examiner la situation socio-économique et démographique de ce secteur.

1.2. CARACTERISTIQUES PHYSIQUES DU SECTEUR RUBENGERA

1.2.1. Une région au relief étagé très contrasté

MULINDWA Zébron (1985) décompose le relief de la zone Ouest de la CCN dans laquelle s’insère le secteur de Rubengera, en trois entités topographiques bien différenciées. Ce sont, d’Ouest en Est :  Un talus abrupt qui, avec un dénivelé généralement de 50 m, surplombe le lac Kivu ;  Une bande intermédiaire d’étendue variable selon l’endroit, constituée de collines ;  Une zone de montagne dominant tout le paysage.


Carte 1: Le secteur Rubengera dans le district De Karongi


C’est de ce découpage que nous allons nous servir pour décrire la topographie du secteur de Rubengera :

1.2.1.1. La bande côtière

Il s’agit d’une bande très étroite n’atteignant que très rarement une largeur de 1 km. Elle est comprise entre le rive du lac Kivu et, grosso modo, la courbe de niveau de 1500 m. La rupture de pente brusque de la zone collinaire en fait un talus abrupt sauf au niveau des multiples baies qui échancrent la côte, lui donnant une morphologie rappelant celle des rias. Cette zone correspond à des plaines comme celle de Musaho et de Nyamarebe qui, par la richesse de leurs sols constituent l’une des zones fertiles du secteur Rubengera.

1.2.1.2. La région de collines

Il s’agit d’un ruban continu, formé d’un empilement de collines correspondant à des prolongements de crêtes secondaires qui séparent les multiples petits bassins versants. L’altitude moyenne est de 1800 m et le substrat géologique peut expliquer la présence des dômes à aspect d’inselbergs et des barres provoquant de brutales ruptures de pentes. Cette zone couvrant plus des ¾ de la superficie du secteur Rubengera rappelle bien l’image de la région des plateaux centraux de Gitarama et Butare si bien qu’elle est appelée par les habitants des montagnes à son Ouest, la zone de Mayaga.

1.2.1.3. Les montagnes de l’est

La partie de la Crête Congo-Nil traversant l’Est du secteur de Rubengera n’est pas très surélevée et c’est même dans cette partie qu’on trouve le col de Rugabano. Néanmoins, le contraste avec la région collinaire à son Ouest est tellement grand que cette zone est appelée le Rukiga par les habitants de la première en référence de la région montagneuse de Byumba.

L’escarpement qui sépare les deux régions est caractérisé par les pentes très raides, dépassant parfois 70% ce qui présente un réel danger d’érosion vue la nature des sols qu’on y trouve et l’exiguïté des terres cultivables qui fait que les habitants continuent à y cultiver.

La raideur des pentes et l’élévation de son altitude fait de cette région une entité topographique bien différenciée du reste du secteur Rubengera qui limite ce dernier à l’Est mais on trouve aussi des prolongements de ce relief dans la direction de l’Ouest comme ceux de la crête secondaire de Sakinnyaga qui limite le secteur au sud laissant la région collinaire au centre, paraître comme le fond du cirque que constitue ce système de crêtes.

La coupe topographique suivante, tracée suivant le tronçon de la route nationale Kibuye-Gitarama qui traverse le secteur de Rubengera, montre clairement cet étagement du relief de ce dernier.

Figure 1: Le profil topographique de la région ouest de la CCN

Source : CGIS-NUR, Octobre 2008. Comme on le voit, la coupe topographique commence près du niveau du lac Kivu, soit 1460 m, puis s’élève graduellement jusqu'à 1750 m avant de chuter ; c’est la crête secondaire de Sakinnyaga dont on a parlé. Puis elle traverse le centre commerciale de Rubengera et c’est justement depuis là qu’on commence à monter indéfiniment jusqu'à culminer sur le piémont du mont Gisunzu, soit 2100 m d’altitude.


1 .2.2. Un Réseau hydrographique dense

Le secteur de Rubengera, comme d’ailleurs tout le reste de l’ouest de la CCN, présente une densité de drainage assez forte. Les cours d’eau de cette région ne sont, néanmoins, jamais puissant sauf dans le cas des crues qui sont quelques fois spectaculaires. Ce fait est expliqué par la disposition parallèle de ces cours d’eau qui descendent tous des versants de la CCN vers le lac Kivu. Comme décrite dans la section précédente, la dénivellation entre le sommet de la CCN et le niveau du lac est très élevée est quelquefois la distance horizontale est tellement courte que les pentes sur lesquelles descendent ces cours d’eau sont trop fortes leur donnant un caractère torrentiel signe de la puissance excessive de surcreusement et ainsi, d’érosion le long de leur parcours.

Le tableau suivant donne la liste des principaux cours d’eau du secteur Rubengera et la superficie de leurs bassins versants

Tableau 1: La superficie des bassins versants des principaux cours d’eau du secteur Rubengera

• NOM • SUPERFICIE (Ha) • Muregeya • 74.04 • Musogoro • 84.56 • Kamusanganya • 25.73 • Uwaruganzu • 12.03 Source : Profil environnemental du district Karongi Toutes les vallées dans les quelles coulent ces rivières présentent quelques traits communs :  Une orientation Ouest-Est ;  Une étroitesse et encaissement remarquable à l’amont avec un élargissement progressif vers l’aval jusqu’à déboucher à de vrais marais prolongés par des bais dans lesquels se jettent ces rivières ;  Un régime hydrologique très irrégulier avec des périodes d’étiage se caractérisant par un tarissement quasi total mais où les périodes de crues se révèlent brusques, brèves et dévastateurs.

On ne serait conclure ce point traitant de l’hydrographie du secteur de Rubengera sans mentionner le lac Kivu qui occupe 20,6% de la superficie de ce secteur et dont la valeur écologique et économique s’avère être très grande.

1.2.3. Caractéristiques agro-climatiques du secteur de Rubengera

1.2.3.1. Climat

Une zone climatique étant définie comme un ensemble géographique qui est homogène en termes de climat (températures et précipitations surtout), le Rwanda a été subdivisé en dix unités dites zones climatiques (projet PNUD/FAO/RWA/189/006). Le rapprochement de la carte administrative et de la carte des zones climatiques montre que le secteur de Rubengera s’étend sur deux zones climatiques à savoir celle de la bordure du lac Kivu et celle de la crete Congo-Nil.

La carte suivante montre l’extension de ces deux zones et comme l’observation de cette carte le fait remarquer, la majeure partie du territoire du secteur Rubengera se trouve dans la ZAC du Bord du lac Kivu sauf seulement une mince partie à son Est qui se trouve dans la ZAC de la CCN. Remarquons ensuite que le découpage en zones climatiques présenté sur cette carte ne suit pas exactement le zonage orographique mentionné au début de ce chapitre. Ceci est dû au fait que, la bande côtière, bien qu’elle forme une entité topographique à part, ne constitue pas une zone climatique différenciée à cause de son étroitesse. Ainsi, a part l’influence qu’a le lac Kivu sur son voisinage immédiat en atténuant les extrema de la température, le climat global de tout l’ouest de la CCN est le même et c’est elle qui est mentionné ici sous l’appellation de la ZAC du "Bord du lac Kivu".

Carte 2: Extension des zones agro-climatiques dans le secteur Rubengera

Le tableau suivant donne le pourcentage de la surface du secteur Rubengera couverte par chacun de ces deux zones climatiques.

Tableau 2: La couverture du secteur Rubengera par les zones agro-climatiques

Crête Congo-Nil Bordures du lac Kivu Superficie en ha % Superficie en ha % 1171 28,2 2977 71,8 Source : base de données de la carte pédologique du Rwanda, MINAGRI, 2002

Et celui-ci résume les caractéristiques de chacune de ces deux zones climatiques.



Tableau 3: Caractéristiques des zones agro-climatiques couvrant le secteur de Rubengera

ZONES CARACTERSTIQUES Bord du lac Kivu – Elle correspond aux terres bordant le lac Kivu entre 1460 et 1800/1900 m d’altitude ; – La température moyenne annuelle est de 21°C au bord du lac et de 18°C vers 1800 m d’altitude ; – La moyenne des minima se trouve autour de 16°C sur le bord du lac ; – La pluviométrie annuelle est de l’ordre de 1200 à 1300 mm ; – La répartition des pluies est assez régulière sur l’année, exception faite pour la grande saison sèche qui s’étend de Juin à mi-Septembre. Crête Congo-Nil – Zone occupant les hauts versant de la dorsale qui partage les bassins hydrographiques du Congo et du Nil aux altitudes variant entre 1900 à plus de 2500m ; – La température moyenne annuelle varie entre 18 et 16°C avec une amplitude moyenne annuelle de 2°C ; – La moyenne des minima et des maxima est de 14,2 et de 23,2°C respectivement ; – La pluviométrie annuelle est entre 1400 et 1500 mm bien repartie sur l’année à l’exception d’une période sèche de Juin au début du Septembre (90-100 jours) assez bien marquée. La petite période sèche de Decembre-Janvier est à peine marquée dans la distribution des pluies et n’entraîne pas de déficit hydrique pour les cultures. Source : schémas directeur d’aménagement des marais et bassins versant du Rwanda, MINAGRI, 2002.

L’analyse de ces deux tableaux montre bien que le relief dans cette région est le facteur déterminant du climat qu’on y rencontre surtout en ce qui concerne la quantité et le rythme des précipitations. Du côté du régime des températures, l’empreinte du lac Kivu est bien visible. En effet, bien que la hausse des températures dans la zone bordière du lac peut être amputé aux altitudes relativement basses de cette zone, l’explication de la faible amplitude thermique, surtout journalière, ne peut être rendue autrement qu’en faisant intervenir la présence du lac dont l’inertie thermique de son eau modèle la fluctuation thermique de son entourage. La carte suivante rend bien cette corrélation entre la topographie et le rythme des précipitations dans le secteur Rubengera.






Carte 3: Répartition des précipitations dans le secteur Rubengera


L’observation de cette carte fait remarquer que le zonage orographique mentionné dans cette région de l’Ouest de la CCN est bel et bien reproduit en ce qui concerne le climat, l’évolution des précipitations suivant celle de l’altitude et étant contraire à celle des températures.

1.2.3.2. Sols

Les études faites dans le cadre du projet d’élaboration de la carte pédologique du Rwanda ont révélé une liaison directe entre la nature des sols du Rwanda et la nature de la roche-mère sur laquelle ils se développent. En outre, il est un fait géographique bien reconnu que le substrat géologique est le facteur prépondérant dans la détermination de la structure géomorphologique rencontrée dans une région donnée. Dans notre cas nous avons constaté que le climat était, de loin, le facteur déterminant de la répartition des sols dans cette région. Ainsi, nous avons deux unités pédologiques correspondant au découpage climatique ci-haut mentionné. Le tableau suivant résume les caractéristiques des sols rencontrés dans chacun de ces deux zones.

Tableau 4: Caractéristiques des sols du secteur Rubengera

Unité agro-climatique Caractéristiques pédologiques Bords du lac Kivu Altitude : 1470-1600m. Pentes 13-25%. Substrat : granito-gneiss, quartzites, grès schisteux et schistes, Sols : limono-argileux peu profonds à profonds, bien drainés ; alluvions argileux souvent mal drainés. Crête Congo-Nil Altitude : >1900m. Pentes : 25-55%.

Substrat : complexe de (mica) schistes, granito-gneiss, quartzites et grès schisteux. Sols : limono-argileux, profonds et moyennement profonds, bien drainés avec intercalation  des sols érodés peu profonds.

Source : schémas directeur d’aménagement des marais et bassins versants du Rwanda, MINAGRI, 2002.

1.2.3.3. Végétation

L’observation de la carte d’occupation du sol du district de Karongi fait constater que les principaux types de végétation rencontrés dans le secteur de Rubengera sont les cultures annuelles vivrières, les cultures pérennes et les boisements, la forêt naturelle y étant déjà disparue. Le tableau suivant résume ces types de végétation en indiquant leur extension.

Tableau 5: Occupation du sol dans le secteur Rubengera Occupation du sol Superficie en ha Cultures annuelles vivrières 1304 Cultures pérennes (bananerais, café,...) 2682 Boisements d’eucalyptus 131 Jeunes et boisements ouverts (forêt galeries, ...) 189 Source : profil environnemental du district de Karongi, DEMP, 2007.

Et la carte montrant leur extension spatiale suit : Carte 4: Carte de l’utilisation du sol du secteur de Rubengera

L’analyse de cette carte montre qu’il existe une corrélation étroite entre l’occupation du sol et la configuration topographique dans cette partie de l’Ouest de la CCN. En effet, on remarque que les cultures vivrières pérennes se rencontrent surtout dans la région bordière du lac tandis que les cultures vivrières saisonnières sont rencontrées dans la région à relief collinaire au centre de la zone. Dans la zone de hautes altitudes à l’Est, le boisement est le type d’occupation du sol le plus courant surtout à cause de fortes pentes et l’infertilité des sols rendus stériles par le lessivage excessif ce qui fait que la croissance des cultures vivrières ordinaires y soit difficile.

1.3. LES CARACTERSTIQUES HUMAINS DU SECTEUR DE RUBENGERA

1.3.1. Une population jeune majoritairement composée d’agriculteurs

Le secteur de Rubengera est subdivisé en huit cellules. Sa population totale est estimée à 215,73 habitants (RGPH 2002) et ceci avec une superficie totale de 79.9 km2 représente une densité moyenne de 270 hab. /km2. Pourtant, ce chiffre ne traduit pas bien la concentration de la population dans cette partie du pays puisque si on omet la surface occupée par le lac, la superficie utile du secteur de Rubengera reste de 42 km2 ce qui représente une densité physiologique de 514 hab./ km2. La carte suivante illustre la densité physiologique de la population du secteur Rubengera par cellule.






Carte 5: Répartition spatiale de la population du secteur Rubengera

Avec cette carte, l’on voit que la répartition de la population dans le secteur de Rubengera est dictée par la topographie. En effet, ce sont les cellules de la région collinaire qui présentent les fortes densités tandis que les cellules se trouvant dans la région de la CCN (Nyarugenge et Gitwa) ainsi que celle se trouvant dans la bande côtière escarpée (Mataba) sont les moins densément peuplées. Les cellules de Ruragwe et Bubazi comprennent des densités moyennes puisqu’elles se trouvent sur la crête secondaire de Sakinnyaga. La structure socioprofessionnelle de la population de ce secteur montre que le pourcentage des personnes qui se disent être agriculteurs est de 92.9% de la population totale, le reste étant des gens qui pratiquent de petits métiers comme les chauffeurs, maçons, menuisiers, mécaniciens, cuisiniers, couturiers, artisans (tannerie, sculpture, forge, poterie, briqueterie,….) ainsi que les commerçants et les fonctionnaires de l’Etat.


1.3.2. Une économie à base d’agriculture et d’élevage mais avec le secteur tertiaire émergeante

L’économie du secteur de Rubengera est dominée par les activités agricoles de subsistance dont certaines cultures vivrières comme la banane, et les cultures de rente comme le café constituent des sources de revenus assez importantes pour les habitants du dit secteur. L’agriculture dans le secteur de Rubengera est nécessairement tributaire de l’élevage. En effet, la pauvreté des sols de ce secteur nécessite des amendements qui, à cause de maigres revenus des populations agriculteurs ne leur permettant pas de se procurer des engrais chimiques, doivent provenir du fumier animal. Ainsi, on voit que la plupart de ces agriculteurs possèdent dans leurs enclos quelques animaux seulement pour se procurer du fumier. En restant sur ce point, signalons que la repartition de cette activité d’élevage dans le secteur de Rubengera est fortement liée à la disposition des éléments physiques. En effet, l’on remarque par exemple qu’à cause de la forte densité de population de la région du plateau découlant de sa topographie plus modeste, l’élevage extensif n’y est guerre possible et que cette activité se trouve reléguée vers les régions de la CCN.

Le secteur tertiaire a connu lui aussi un essor assez remarquable ces dernières années dans le secteur de Rubengera. En effet, on voit que dans le centre urbain de Rubengera, le petit commerce, l’artisanat, le transport, … sont des activités pratiquées par un nombre croissant des actifs. Ceci est dû à l’implantation de quelques infrastructures comme le marché de Kibirizi, les établissements scolaires dont l’ENP/TTC, l’EPESAR, .., et enfin, la nouvelle route asphaltée Gitarama-Kibuye. Malgré cet essor, l’économie de ce secteur reste basée sur l’agriculture et toutes les politiques visant à améliorer cette activité doivent toujours rester au centre des préoccupations des dirigeants de ce secteur mais surtout, il ne faut pas oublier que pour y arriver, il faut tenir compte de l’impact qu’elles peuvent avoir sur l’environnement. Ceci pour pouvoir les atténuer si ces impacts se révèlent être négatifs ou les renforcer s’ils se révèlent être positifs.

CONCLUSION PARTIELLE

Les éléments physiques (climat, végétation, types du sol,...) du secteur de Rubengera, tout en interagissant entre eux, influent aussi sur les caractéristiques humaines et économiques de ce secteur. L’exemple est donné par l’activité d’élevage dont la répartition semble bien suivre celle de ces éléments cités en haut. Dans le chapitre qui va suivre, nous allons montrer comment l’inverse peut aussi être vrai à travers l’exemple de l’influence qu‘a l’élevage sur l’environnement physique de ce secteur.











CHAP II. ELEVAGE ET ENVIRONNEMENT DANS LE SECTEUR DE RUBENGERA


2.1. LE SECTEUR DE L’ELEVAGE A RUBENGERA

2.1.1 .Introduction

L’élevage est une activité entrelacée dans les vielles traditions des Rwandais. En particulier, l’élevage bovin a eu toujours un caractère quasi-mythique et donnait à celui qui le pratiquait honneur, puissance et prestige. « La vache, dans le Rwanda ancien était moins un animal qu’une institution ; le bétail ne présentait pas un bien d’utilisation mais un signe de richesse, une preuve de contrats divers et la charte de nombreuses relations » (KALISA Aime Ephrem, 2001).

Après l’indépendance, les bouleversements des mentalités de la société Rwandaise et le morcellement des exploitations lié à la pression démographique croissante entraînent de profonds changements dans la structure traditionnelle de l’élevage bovin qui tend alors vers la domestication de la vache, la réduction du bétail et la généralisation de cette activité. Entre-temps, d’autres élevages nouveaux ou naguère considérés comme secondaires (caprins, ovins, porcins, lapin, volailles,....) profitent de ce bouleversement de l’élevage bovin et prospèrent si bien que la proportion d’éleveurs exclusifs de vaches se retrouve réduite presque à néant au moment où des familles qui n’entretiennent que des chèvres par exemple augmente.

Dans la section qui va suivre, on va décrire l’état de l’élevage dans le secteur de Rubengera par type d’élevage mais en se bornant sur celui du gros bétail, d’ovins, de caprins et de porcins puisque ce sont là des élevages qui transforment considérablement leurs paysages pastoraux et sont alors les plus susceptibles d’avoir un impact mesurable sur l’environnement.

2.1.1.1. Le gros bétail : une activité ancienne en pleine révolution

Depuis longtemps, le Rwanda était connu pour un grand nombre de ses vaches. « En absence de toute autre monnaie d’échange, le capital bétail servait à définir la richesse individuelle » (Alexis NGIRUWONSANGA, 1982). Dans la région concernée par notre étude, il n’y a pas très longtemps durant la période d’avant la guerre et génocide des Tutsis de 1994, on observait encore le matin et le soir des files impressionnantes des vaches se rendant ou rentrant des pâturages. L’abondance du troupeau était telle qu’elle permettait à se consacrer exclusivement à cette activité et comme ça, on obtenait le titre d’ umutunzi, un vocable quasiment oublié actuellement dans le langage courant de cette région parce que tous les éleveurs d’aujourd’hui sont aussi des agriculteurs et ainsi le terme d’umuhinzi-mworozi (agriculteur-éleveur) est plutôt utilisé. Les causes de cette décadence de l’activité de l’élevage bovin du côté effectif sont légion mais à la tête on cite le nombre impressionnant des bêtes abattues durant la période de la guerre et génocide des Tutsi de 1994 et les quelques années qui suivirent. L’échec de rétablissement après ces périodes dures est expliquée par plusieurs facteurs dont les plus importants comprennent le fait que l’élevage bovin a été le type d’élevage à souffrir le plus de la réduction des pâturages naturels, la concurrence du petit élevage et la pénétration de l’économie monétaire dans le milieu rural qui a fait que la vache a perdu son rôle social dans la société rwandaise. Ici, l’on donne l’exemple de la dot qui jadis supposait l’octroi d’une génisse à la famille de la fille mais qu’on remplace aujourd’hui par une certaine somme d’argent convenue presque exactement comme dans le cas du marché ordinaire.

2.1.1.2. Le mouton : un sous-produit de l’élevage bovin

C’est une des habitudes fortement enracinées dans la tradition Rwandaise que la brebis est gardée avec les vaches, que l’élevage ovin exclusif est plutôt anormal. Cette association vache-mouton relève des habitudes pastorales «  les moutons jouant un rôle plutôt décoratif dans le troupeau des vaches dont il assure la pérennité par le pouvoir socio-magique qu’on lui accorde » (Alexis NGIRUWONSANGA, 2001). La vérité de cette assertion est bien confirmée par le fait que lors de notre enquête aucun de nos informateurs n’a affirmé posséder seulement de moutons comme objet de son élevage ; on les grade soit avec des vaches, soit avec des chèvres et toujours en nombre plus petit par rapport à ces autres troupeaux.

2.1.1.3. La chèvre : un animal qui s’adapte aux conditions actuelles d’élevage

La chèvre semble résister à la pénurie des pâturages. Elle se nourrit de peu et ainsi, elle ne demande pas de passer beaucoup d’heures à pâturer si bien qu’elle se présente comme une bête idéale pour un élevage pas trop exigeant. Pourtant, cette facilité d’élevage caprin n’a pas arrêté la réduction progressive du troupeau individuel durant ces dernières années. Ceci tient du fait que dans cette région, les habitudes alimentaires de la population prennent la viande de la chèvre comme l’idéal des fêtes et sa brochette est à la mode mais, curieusement, cette demande n’incite guerre les éleveurs à multiplier leurs exploitations ; continuant toujours à pratiquer cette activité de façon artisanale. En effet, on verra plus tard dans ce travail que la modernisation de cette élevage est plutôt timide (seulement 2 animaux de race améliorée dans tout le secteur) et curieusement, nous avons remarqué une tendance générale d’une attribution de cette élevage aux enfants, le chef de la famille ne se considérant pas digne d’élever des chèvres.

2.1.1.4 .L’élevage porcin : une activité a ses débuts

L’élevage porcin a toujours été une activité immanquablement corollaire de l’affiliation religieuse de ses pratiquants. En effet, ce sont les missionnaires catholiques qui ont introduit cet animal là où ils s’implantaient et la suite logique a été le fait que ce sont ces régions environnantes des grandes missions catholiques qui ont vu cette activité fleurir. Par contre, beaucoup d’églises protestantes se montrèrent hostiles à la consommation du porc et les musulmans eux, le font un sacrilège.

Tous ce ci, eut des répercussions directes sur la répartition de l’élevage porcin et, dans le cas de la zone de notre étude, les faits se montrèrent malheureusement à l’encontre de tout développement de cette activité. En effet, 92 % de la population du secteur de Rubengera sont des protestants, majoritairement presbytériens (RGPH, 2002) et malgré leur faible proportion, les musulmans qui se concentrent dans le quartier Giswahili dans le centre urbain de Rubengera exercent une influence disproportionnée sur les zones environnantes. Ainsi, le cheptel porcin dans le secteur Rubengera est quasiment nul à l’exception de quelques associations progressistes comme l’AJEMAC, qui tentent d’initier le développement de cette activité dans cette région.

2.1.2. La situation actuelle de l’élevage dans le secteur de Rubengera

D’après plusieurs auteurs, les facteurs qui influencent la production de l’activité d’élevage sont l‘effectif des bêtes, le potentiel de production des races exploitées, les systèmes et modes d’élevage adoptés et enfin, l’organisation de tous les intervenants dans le secteur. C’est alors ce schéma que nous avons adopté pour décrire l’état actuel de l’élevage dans le secteur de Rubengera.

2.1.2.1. Effectifs

Les réformes administratives que le Rwanda a connues ces dernières années nous ont imposé beaucoup de difficultés lors de la collection des données qui nous auraient été très intéressantes pour l’étude de l’évolution du bétail du secteur de Rubengera. Pour cela, nous nous contenterons des chiffres concernant seulement ces deux dernières années (2006 et 2007). Pourtant, nous avons remarqué que ce n’était pas là un grand problème puisqu’en fait, la situation de l’an 2006 représente bien l’image de l’élevage correspondant à la période juste après la mise en exécution de la politique de l’ESP et quand on compare cette situation à celle de l’an 2007, on perçoit déjà clairement l’impact de cette politique sur l’évolution des effectifs des cheptels. Cet impact est le fait que l’effectif total du cheptel diminue tandis que le nombre de bêtes de race améliorée tend à la hausse. L’explication de ce phénomène relève du fait que les éleveurs rencontrent beaucoup de difficultés à maintenir un troupeau important en stabulation permanente et optent pour des races améliorées qui exigent plus d’intrants mais qui donnent aussi plus de production. Le tableau suivant fait observer clairement cette situation de la récession de l’effectif des bêtes de races locales au profit de celles de races améliorées.

Tableau 6: Evolution de l’effectif des bêtes de race ordinaire et améliorée durant la période 2006-2007 Période Cheptel 2006 2007 Ordinaire Amélioré Ordinaire Amélioré Bovin 4639 183 2836 258 Caprin 6639 40 5896 20 Ovin 1438 3 1084 1 Porcin 215 2 217 2

Source : Enquêtes menées par l’agronome du secteur, 2006 et 2007.

2.1.2.2. Les races exploitées

Dans le cas de l’élevage bovin, la race la plus rencontrée dans le secteur de Rubengera reste la race Ankolé qui connaît des écotypes appelés "Inyambo" (vaches à longues cornes souvent en forme de lyre) et "Inkuku"(vaches à cornes courtes généralement plus laitières que les autres écotypes). On y rencontre aussi les bovins sans cornes "Inkungu" ou alors ayant des cornes flottantes "Indegarege". Les races exotiques qui ont été introduites dans cette région, premièrement par des éleveurs progressistes comme la mission presbytérienne de Rubengera, l’association AJEMAC, ..., et ensuite par l’Etat dans le cadre de sa politique "One cow, one family"(GIRINKA), sont surtout le Jersey, Brun suisse, Frisonne, et Sahiwal. Comme l’élevage bovin dans le secteur de Rubengera est en général orienté vers la production laitière, ces races ont été un bon choix mais l’inconvénient a été le fait que comparativement à la race locale Ankolé, ces races exotiques sont très onéreuses à entretenir sous un climat chaud comme celui de cette région. Ainsi, pour essayer de profiter de cette résistance naturelle de la race Ankolé et de cette productivité accrue de ces races exotiques, nombreux croisements ont été effectués et force est de remarquer qu’avec le temps, on pourrait s’attendre au remplacement de ces races pures par des nouveaux métis (croisés) qui marieraient ces deux buts poursuivis : résistance et productivité.

Photo 1: Races bovines exotiques exploitées dans le secteur de Rubengera

Vache Frisonne Vache jersey Taureau Brun Suisse

Concernant les caprins, à part la race locale, l’Etat a entrepris l’effort d’apporter aux éleveurs des races exotiques qui puissent avoir des performances plus intéressantes. Dans cette optique, ce sont les races Boa et Alpine qui se sont montrées assez productives dans les conditions non seulement physiques mais aussi socio-économiques de ce secteur. Malheureusement, pour pouvoir exploiter toutes les potentialités de ces races, l’autorité rencontre aujourd’hui un problème de convaincre les paysans de traire ces chèvres puisqu’ils estiment que le lait de la chèvre n’est que pour les enfants soufrant de malnutrition ce qui les fait percevoir que sa consommation par un homme en bonne santé et surtout adulte est plutôt répugnant

Photo 2: Races caprines exotiques que l’autorité est en train d’essayer l’introduction dans le secteur de Rubengera

Bouc de race Alpine Chèvres de race Boa Croisé Alpine-race locale

Pour le cas des ovins et porcins, il apparaît que le processus d’amélioration des races locales exploitées évoqué ci haut est plutôt timide. Ceci relève peut être du fait que le cheptel de ces troupeaux dans le secteur de Rubengera n’est pas assez important en nombre pour que les autorités de ce secteur se sentent pressés à faire autant.

2.1.2.3. Systèmes et modes d’élevage

Par système d’élevage, on veut signifier le degré de modernité et de scientificité, avec lequel l’élevage est fait. Dans ce cadre, l’élevage dans le secteur de Rubengera se subdivise en élevage traditionnel, élevage amélioré et élevage moderne. L’élevage traditionnel se caractérise par une utilisation à peu près nulle ou faible des moyens favorisant la productivité, les faibles intrants d’élevage et les performances négligeables. Même si ce type d’élevage est essentiellement extensif, l’on remarque que même avant l’introduction de la politique de l’ ESP, quelques exploitants , faute de disponibilité du pâturage, menaient leur élevage en stabulation totale mais dans la plupart des cas, c’est la stabulation semi-permanente qui dominait.

L’élevage amélioré consiste à recourir à l’utilisation de certains intrants d’élevage (médicaments par exemple) et à l’application de certaines techniques comme l’insémination artificielle et les taureaux améliorés. Il est pratiqué surtout par les éleveurs progressistes, surtout les établissements scolaires comme l’ENP/TTC Rubengera, la mission presbytérienne de Rubengera, l’AJEMAC,... Récemment, l’Etat a tenté à plusieurs reprises à améliorer le rendement de l’élevage par la mise à la disposition des habitants des mâles (taureaux, boucs, béliers) de races améliorées et par l’insémination artificielle à bas prix afin de les aider à améliorer leur cheptel. Enfin, l’élevage moderne se caractérise par une utilisation systématique d’intrants vétérinaires et zootechniques et le recours aux normes scientifiques de conduite des troupeaux. Les techniques auxquelles on fait recours le plus souvent sont entre autres, l’utilisation du matériel génétique performant, l’alimentation équilibrée, mise en place des programmes de prévention et de contrôle de maladies,... Comme ce type d’élevage ne peut se rencontrer que chez les éleveurs ayant fait de l’élevage une activité de rente, les éleveurs modernes sont encore peu nombreux dans le secteur Rubengera en raison surtout du coût élevé des investissements requis par cet élevage en matériel, infrastructures et main d’œuvre.

Pour le cas du mode d’élevage, il faut savoir qu’il concerne la façon dont l’activité d’élevage est menée. Ainsi, avant l’introduction de la politique d’ESP, les modes d’élevage qu’on pratiquait dans le secteur de Rubengera étaient le pastoralisme intégral extensif et intensif, la stabulation semi-permanente et la stabulation totale (permanente).

A cause de l’exiguïté des pâturages corollaire de la forte densité démographique dans cette région , le seul type de pastoralisme qu’on y rencontrait était celui du paddocking consistant à faire pâturer le bétail le jour, le conduire vers les abreuvoirs publiques (amariba) dans l’après-midi et le faire passer la nuit dans un paddock construit au sein de la ferme. La stabulation semi-permanente était de loin le mode d’élevage le plus pratiqué dans le secteur de Rubengera, et continue d’exister malgré son bannissement surtout dans le cas d’élevage du petit bétail. Ce mode consiste, en effet, à faire paître l’animal sur un pâturage durant une partie de la journée suivi d’une alimentation plus ou moins importante à l’étable le soir.

La stabulation totale ou permanente quant à lui correspond au degré d’intensification plus poussé de l’élevage. Elle se caractérise par le maintien des animaux à l’étable avec leur affouragement à l’auge. L’animal reçoit aussi des sous-produits agro-industriels (communément appelés des concentrés) ainsi que d’autres additifs alimentaires comme le sel gemme. Mis à part son imposition réglementaire comme le seul mode d’élevage admis aujourd’hui, il faut remarquer que ce mode était déjà pratiqué depuis longtemps par quelques éleveurs progressistes dans ce secteur de Rubengera.


2.1.2.4. Cadre politico-institutionnel et organisationnel de l’élevage dans le secteur de rubengera

Les intervenants dans le secteur d’élevage dans le secteur de Rubengera peuvent être regroupés en 4 catégories :  L’Etat à travers ses diverses politiques, programmes et projets ;  Les producteurs individuels ou en associations ; il s’agit des agri-éleveurs individuels ou en associations ainsi que quelques institutions publiques ou privées menant une certaine activité d’élevage (écoles, missions chrétiennes, ..) ;  Les prestataires de services divers comme les magasins de produits vétérinaires ou d’autres intrants d’élevage ;  Les consommateurs constituants le marché visé par la production de l’élevage dans le secteur Rubengera.

2.1.2.4.1. L’Etat

Le rôle de l’Etat se matérialise par l’exécution des plans et stratégies que le MINAGRI, sous sa direction de l’élevage élabore et dont leur mise en application et leur suivie est confiée à l’autorité au niveau du district, des secteurs et même des cellules. C’est le cas alors de l’actuelle politique d’ESP dont il est question dans notre travail, ainsi que d’autres programmes et projets divers pour la promotion de l’élevage (campagnes de vermification et de détiquage, creusement de nouveaux abreuvoirs publiques, le programme « one cow, one family » (GIRINKA), gestion et entretien des abattoirs publiques, ...). Par ailleurs, diverses institutions comme l’ISAR interviennent par leurs recherches et leurs programmes comme l’insémination artificielle et l’introduction de nouvelles races d’animaux ou espèces fourragères de meilleure qualité. Enfin, l’Etat assume encore divers services aux producteurs de l’élevage en préparant par exemple des formations à leur intension ou en initiant des campagnes de vulgarisation en vue d’améliorer leurs connaissances afin de leur aider à mener leur activité en toute connaissance de cause.

C’est ici aussi que s’insère le rôle de l’agronome du secteur qui est chargé de suivre et coordonner toutes les activités d’élevage, agriculture et environnement qui se déroulent dans le secteur.

2.1.2.4.2. Les producteurs

Comme on l’a dit plus haut, il est très rare de trouver dans le secteur Rubengera des personnes qui ont fait de l’élevage leur seule activité de rente. On trouve que l’élevage est pratiqué comme une activité secondaire à l’agriculture et en fait, tous les éleveurs que nous avons rencontrés lors de notre enquête sont aussi des agriculteurs. Ce sont surtout des chefs de ménage mais il ne faut pas oublier les quelques associations et institutions qu’on y rencontre qui pratiquent l’élevage comme une de leurs activités productrices de revenus. C’est le cas de l’ AJEMAC pour l’élevage porcin, bovin et pisciculture ; l’école ENP/TTC pour l’élevage bovin ; quelques écoles primaires pour l’élevage de lapins, la mission presbytérienne de Rubengera et les sœurs Diaconesses pour l’élevage bovin, etc.

2.1.2.4.3. Les prestataires de services

Ils concernent des divers opérateurs de services ayant un certain rapport avec l’élevage et ses activités connexes. Dans le centre urbain de Rubengera, les magasins vendant le matériel d’élevage et les médicaments vétérinaires sont au nombre de deux (COOPAGRI et VETAGRIM) et opèrent sous le contrôle de l’agronome du secteur qui veille à l’intégrité des produits qu’ils vendent. Aussi, les institutions financières comme la banque populaire de Rubengera et la COOPEC-INKUNGA interviennent dans l’élevage par l’octroi de crédits aux agri-éleveurs pour démarrer ou étendre leurs projets. C’est aussi à travers ces banques qu’opère le fond de la Banque Africaine de Développement (BAD) pour le développement de l’agriculture et de l’élevage qui donne aux agriculteurs-éleveurs des crédits remboursables à long-terme et seulement à 60 % du capital initial octroyé. 2.1.2.4.4. Les consommateurs

Ce groupe d’intervenants inclue aussi des agri-éleveurs puisque la plupart d’entre-eux produisent pour l’auto-consommation. Hormis ceux-ci, les consommateurs urbains constituent une autre partie importante du marché des produits de l’élevage dans le secteur de Rubengera. En effet, dans le centre urbain de Rubengera, l’on recense 18 kiosques de vente du lait et 6 boucheries desservies par 2 abattoirs publiques. En plus, plusieurs bars et motels possèdent leurs propres petites boucheries où ils abattent des chèvres pour la vente des brochettes ou de la viande fraîche pour les habitants à leur voisinage. Enfin, signalons qu’actuellement une laiterie est en train d’être construite qui assurera l’écoulement de la production laitière supposée s’accroître avec cette imposition de la stabulation permanente et l’amélioration des races exploitées dans cette région.

2.2. LES INTERACTIONS ELEVAGE-ENVIRONNEMENT

Après avoir décrit l’état de l’élevage dans le secteur de Rubengera, voyons maintenant l’influence que les activités d’élevage peuvent avoir sur l’environnement et la part que ces mêmes activités ont dans les problèmes auxquels l’environnement dans ce secteur fait face.

2.2.1. L’érosion causée par le parcours des animaux

Le parcours des animaux vers les pâturages et les abreuvoirs est un facteur qui contribue considérablement à l’augmentation du problème de l’érosion. Ceci se manifeste de ces deux manières :  Les glissements de terrain dus au vagabondage des bêtes : Lors de notre enquête, 92% des répondants affirment qu’ils connaissaient le problème de fréquents glissements de terrain dans leurs champs quand l’élevage extensif était encore répandu. Le fait qu’ils disent que ce problème a remarquablement diminué depuis l’imposition de la stabulation permanente des bêtes indique que la cause principale de ces glissements était la circulation des animaux, surtout les bovins, dans ces champs en train de brouter après la récolte.

Les inquiétudes suscitées par ce problème sont très importantes puisque ces glissements de terrain causés par la circulation des animaux dans les champs portent préjudice à l’effort entrepris dans le cadre de la LAE en détruisant les talus des terrasses et ce phénomène est rendu aussi plus grave par le fait que ces mêmes animaux en circulation dans les champs, en broutant les herbes fourragères plantées sur ces talus des terrasses, les empêchent de croître ce qui déstabilise ces talus et aboutit à leur destruction .

 Ravinement déclenché par la descente des animaux vers les abreuvoirs publics : Dans le temps où l’élevage extensif était encore le mode d’élevage le plus répandu, on observait souvent des larges chemins appelés localement « Imihora » qui descendaient tout droit vers les vallées. Ces chemins étaient crées par les animaux qui descendaient vers les abreuvoirs publics ou vers les petites rivières dans ces vallées. La présence de ces couloirs favorisait la concentration des eaux de ruissellement ce qui s’ensuivait d’un ravinement très rapide. Ainsi, demandés sur l’effet de ces chemins sur l’environnement, la totalité de nos enquêtés s’accordent à dire que ces chemins représentaient une menace évidente comme facilitateurs de l’érosion. Heureusement, avec l’instauration de la stabulation permanente des animaux, l’on observe une disparition progressive de ces chemins puisque les animaux n’ont plus à aller boire dans les abreuvoirs publics ; les éleveurs vont plutôt puiser de l’eau et la servent aux animaux dans leurs étables.

2.2.2. L’élevage et la perte de la biodiversité

L’impact des activités d’élevage sur l’équilibre et la stabilité de la biodiversité se concrétise de ces deux façons :  L’accélération du phénomène de disparition de certaines espèces floristiques déjà rares par le broutage sélectif.  L’utilisation, pour l’entretien du bétail, des produits chimiques qui peuvent perturber l’équilibre écologique du milieu environnant.

Pour ce premier point, l’exemple concret est donné par certaines espèces des plantes à valeur médicinale qui ne sont, en principe, pas abondant dans la nature. Ainsi, le broutage par les animaux fait qu’en secteur de Rubengera, certaines de telles plantes commençaient de se faire de plus en plus rares, voire de disparaître.

Ce phénomène touchait surtout celles qui n’avaient pas de tannins, latex ou autres produits capables de les protéger contre les animaux en circulation et les animaux les plus endommageant étaient les chèvres puisque ceux-ci ne sont pas très sélectifs et préfèrent surtout les parties terminales de la plante ce qui est dommageable pour celle-ci parce qu’une fois que ses méristèmes (apicaux) sont détruits, c’est l’arrêt de la croissance qui s’ensuit et c’est la mort qui vient enfin couronner le processus.

Pour le cas des produits chimiques utilisés dans l’élevage qui sont susceptibles d’avoir un effet dégradant pour la biodiversité, il s’agit des insecticides que les éleveurs utilisent pour lutter contre les tiques et les mouches dans leur bétail.

En effet,  comme les produits appropriés pour ce fin sont trop  chers pour les éleveurs, ces derniers recourent  à l’utilisation  des alternatifs à leurs disposition  et c’est  à ce moment  que le problème  se pose. Ainsi, la totalité de nos répondants ont dits qu’ils utilisaient  le Dursban comme détiqueur alors que ce produit est destiné à être utilisé dans la lutte contre la chenille défoliante (un insecte qui abîme les plantations du café). Même si l’agronome du secteur  affirme  que l’impact  de l’utilisation  de ce produit dans l’élevage sur l’environnement  n’est pas  très  grave, il faut tout de même être un peu  plus prudent à prendre une conclusion  positive puisque les éleveurs,  pour avoir un effet plus direct,  utilisent  des concentrations  trop élevées  du produit  ce qui  a un effet  évident  que ça soit  pour les bêtes traités et l’environnement. Dans tous les cas, c’est surtout la faune des insectes et des microorganismes du sol qui amputent. 

2.2.3. L’élevage et déboisement

Le concept de la relation entre l’élevage et le déboisement est une notion un peu abstraite si on ne fait pas une attention particulière au sujet. Pourtant, un peu d’observation suffit pour mettre le problème à jour. La corrélation entre ces deux phénomènes se matérialise surtout à travers ces deux processus :  L’empêchement de la croissance de jeunes plants par le broutage et le piétinement des animaux errants.  La décimation des forêts et boisements par les feux de brousses provoqués par les éleveurs pour rajeunir les herbes des pâturages.

Ainsi, dans le secteur de Rubengera, la part des activités d’élevage dans le problème de déboisement auquel fait face ce secteur est considérable. En effet, bien que l’effort de reboisement ne remonte pas d’hier, le résultat semble avoir resté pas très intéressant et la cause de ce fait relève en partie des animaux qui empêchaient ces plants de croître surtout ceux qui étaient plantés près des routes et sur les bords des champs(arbres d’agroforesterie).

CONCLUSION PARTIELLE

L’élevage extensif dans un environnement comme celui du secteur Rubengera présente beaucoup des effets dévastateurs. Ceux-ci consistent surtout de l’aggravation du problème de l’érosion par les animaux qui circulent, de l’accélération du phénomène de dégradation de la biodiversité et de sa contribution dans le phénomène de déboisement. Dans le chapitre qui va suivre, on va voir comment l’ESP a tenté de remédier à cet effet, se présentant comme un élément protecteur plutôt que destructeur pour l’environnement.



CHAP III. L’ELEVAGE EN STABULATION PERMANENTE ET SON APPORT SUR LA PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT DANS LE SECTEUR DE RUBENGERA.

Lors de l’élaboration de la politique de l’ESP, c’était surtout des objectifs d’ordre économiques qui étaient visés. Il était devenu évident que l’élevage extensif dans le contexte démographique et économique Rwandais n’était plus viable. En effet, la structure socioprofessionnelle de la population rwandaise avec ses 87% des agriculteurs alors que l’effectif accroît sans cesse, s’accompagne d’une situation où les exploitations individuelles deviennent de plus en plus exigues. C’est ainsi que l’ESP a été imposé puisqu’il donne plus de rendement.

Pourtant, trois ans après sa mise en application, on s’aperçoit que ses bienfaits ne sont pas seulement d’ordre économique; l’on remarque que l’environnement dans ses domaines divers a aussi beneficiée de cette expérience de l’ESP. Dans ce chapitre, on va montrer cette part qu’a eue l’ESP dans le succès des différents efforts qu’a fait l’état pour la protection de l’environnement.

3.1. L’ELEVAGE EN STABULATION PERMANENTE ET LA LUTTE ANTI EROSIVE.

Nous avons montré comment l’élevage extensif contribuait en aggravant le problème de l’érosion dans le secteur de Rubengera. La mise en stabulation des animaux n’a pas seulement mis fin à ce problème mais a eu aussi certaines répercussions positives dans l’effort de LAE mené par l’état. Selon les répondants lors de notre enquête, ces bienfaits se remarquent surtout par l’augmentation des haies anti-érosives sous forme d’herbes, arbres et arbustes fourragers.


En effet, dans l’effort de trouver du fourrage pour leur bétail désormais en stabulation permanente, la population s’est mise à planter plus d’herbes fourragères dans leurs champs. Pourtant, suite au problème évoqué ci haut de l’exiguïté des champs individuels; la culture extensive de ces plantes fourragères n’était pas possible. Ainsi, la population préfère de les planter sur les dispositifs de LAE (sur les talus des terrasses) ce qui contribue à la stabilisation de ces derniers. Photo 3: La stabilisation des talus des terrasses radicales par les herbes et arbustes fourragers


Le phénomène touche aussi les non-éleveurs puisqu’incapables de produire eux-mêmes le fourrage suffisant pour leur bétail, les éleveurs sont obligés de l’acheter chez les non-éleveurs contre l’argent, le fumier ou le lait. Ainsi, l’on observe aujourd’hui que partout dans le secteur de Rubengera, la stabilisation des talus par les plantes fourragères est devenu un fait bien affermi.

3.2. L’ELEVAGE EN STABULATION PERMANENTE ET LE REBOISEMENT

L’effort de reboisement fait par l’autorité dans le secteur de Rubengera ne date pas d’hier. Pourtant, l’on remarque que les résultats de cet effort ont été plutôt mitigés du moins jusqu’à l’avènement de l’ESP. A part le fait que les animaux n’abîment plus les jeunes plants par broutage ou piétinement, le phénomène le plus intéressant dans ce cadre de l’apport de l’ESP au reboisement est celui de l’émergence des arbres et arbustes fourragers.


En effet, la mise en stabulation des animaux a nécessité une intensification des cultures fourragères et le manque du terrain ainsi que les problèmes de cultures des herbes fourragères en saison sèche force la population éleveur à la recherche et la valorisation d’autres ressources fourragères dont les arbres et arbustes fourragers.

Ils se cultivent soit isolement autour et à l’intérieur des champs, soit sur les dispositifs de LAE, soit en peuplement forestier d’arbres fourragers.

Traditionnellement, le fourrage provenant des ligneux sert d’abord soit de complément, soit de réserve pour les époques de carence en fourrage. Comparativement aux herbes fourragères, les arbres et arbustes fourragers présentent plusieurs atouts. Mis à part le fait que le fourrage provenant de ces derniers est disponible durant toute l’année, même dans la saison sèche où le problème d’affourragement du bétail est le plus aigu, la valeur nutritive de ces fourrages est aussi supérieure à celle du fourrage herbeux.

Ainsi, à la prise de conscience de touts ces avantages du fourrage ligneux sur le fourrage herbeux, l’autorité du secteur de Rubengera a embrassé l’idée et a mené un effort intensif de promouvoir ce type de plantes en introduisant de nouvelles espèces que les études ont montré qu’elles sont les plus adaptés à la région et qui ont le plus de valeur nutritive comme fourrage et présentent de meilleurs rendements. C’est dans cet optique qu’à part les espèces autochtones dont les produits d’émondage sont traditionnellement offerts comme fourrage au bétail (Ficus Tonninghii (Umuvumu), Bambusa Vulgaris (Bambou de chine), etc.), d’autres espèces ont été introduites. C’est le cas de la Leucaena Leucocephala, Calliandra Colotyrsus, et Sesbania Sesban.

Le succès de ces arbres et arbustes fourragers dans le secteur de Rubengera est donc venu comme une valeur ajoutée à l’effort de reboisement, surtout dans le domaine de l’agroforesterie, que l’autorité du secteur a entrepris durant ces dernières années.



Photo 4: Plantation des arbres fourragers dans la zone non cultivable de 10m autour d’une route


3.3. L’ELEVAGE EN STABULATION PERMANENTE ET LA LUTTE CONTRE LA DEGRADATION DE LA BIODIVERSTE

Dans le cadre de la mise en application de la loi organique no 04/2005 du 08 avril 2005 qui impose la non culture d’une bande de 10 et de 50m autour des rivières et lacs respectivement, on remarque que les paysans ont utilisé ces zones pour planter des herbes fourragères et ceci a contribué remarquablement à l’arrêt de l’envasement de ces rivières et lacs ce qu’a profité la faune de ces milieux. Ainsi, l’on observe aujourd’hui un retour progressif de la vie aquatique à l’état auquel elle se trouvait jadis.

Photo 5: Plantation des herbes fourragères dans la bande non cultivable de 10m autour des rivières

Dans le cas de la diversité des espèces floristiques, l’impact qu’a eu l’ESP à son rétablissement se remarque par le fait que les animaux ne broutant plus ces espèces végétales, ceux-ci se remettent à réapparaître si bien que lors de notre enquête, les répondants nous ont dit qu’ils ne manquent plus les plantes médicinales qui commençaient à se faire rares dans le temps où l’élevage extensif était encore répandu. Enfin, quand les animaux circulaient encore à l’extérieur, on remarquait un sérieux problème des tiques et pour remédier à celui-ci, les éleveurs tentaient beaucoup de moyens dont l’utilisation des insecticides comme détiqueurs leur était le moyen plus commode. Comme le dit l’agronome du secteur Rubengera, l’insecticide utilisé était le Dursban, normalement connu pour la lutte contre les puces du café. Ainsi, maintenant que l’animal reste en étable, ce problème des tiques n’existe presque plus et les éleveurs n’ont plus à recourir à l’utilisation de ces produits polluants.

3.4. L’ELEVAGE EN STABULATION PERMANENTE ET LE RETABLISSEMENT DE LA FERTILITE DU SOL

Le secteur de Rubengera fait face à un problème de dégradation de ses sols. Les causes en sont entre autres, le lessivage, l’érosion pluviale et l’exportation des éléments nutritifs du sol lors des récoltes. Face à ce problème, la population et les autorités de ce secteur mènent une lutte acharnée pour rétablir la fertilité des sols de ce secteur qui jadis, étaient reconnu pour être le grenier de cette région.

Dans cet effort de fertilisation, les paysans  utilisent  le compost, le fumier provenant des toilettes, les engrais chimiques ; mais  que de tout ceci, le fumier provenant des animaux domestiques  est de loin le plus utilisé  puisqu’il est le plus disponible à bas prix et est estimé d’avoir un effet assez efficace et plus durable.

Dans cet optique, l’on remarque que l’ESP n’y est pour rien. En effet, selon Maclean (1976) « la composition du fumier est fonction non seulement des proportions des déjections solides ou liquides et de litière qui le composent, mais également de la nature de la litière utilisée, de l’espèce et l’âge de l’animal et du soin apporté à sa conservation ». Ainsi, l’analyse de cette assertion montre que la qualité du fumier provenant d’un animal en stabulation permanente est de loin supérieure à celui de l’animal élevé extensivement puisque dans ce cas, les proportions des déjections solides et liquides et de la litière sont les meilleures pour un animal en stabulation permanente. Pour ce point, on rappelle que lors que les animaux circulaient librement à l’extérieur pour ne rentrer que le soir, le fumier récupéré ne consistait surtout que des déjections solides alors que les déjections liquides et la litière étaient quasiment absentes ce qui résultait d’un fumier de qualité remarquablement médiocre. Ensuite, l’apport de l’ESP dans cette optique du fumier récolté, ne consiste pas seulement de la qualité de ce dernier ; la quantité se retrouve aussi accrue.

En effet, selon Nyetera Eugène (….)  « la quantité du fumier produite est variable en fonction de la quantité de la litière utilisée ». Suivant l’affirmation de cet auteur, il apparaît  clairement  qu’un animal en stabulation permanente  produira plus de fumier puisqu’il requiert beaucoup plus de litière dans l’étable que celui qui vient ne passer que la nuit dans ce dernier.
On estime qu’un animal  en stabulation permanente  produit 20 fois son poids de fumier.  Sur cette base et estimant  la production  annuelle moyenne  des déchets  domestiques  à 2000 Kg, NDABALISHYE (1985) considère qu’une vache  Ankolé locale de poids  moyen de 300 Kg produirait  8 T de fumier en stabulation permanente.

Cet auteur propose la formule suivante pour déterminer la quantité de fumier en stabulation:

Q = (6000 x H) + 2000 / 24

Avec H : nombre d’heures passées dans l’étable par jour 2000 : estimation de la production annuelle des déchets domestiques 6000 : quantité de fumier que produirait une vache de 300 Kg

Bien que certains jugeraient les calculs et estimations de cet auteur de n’être qu’une théorie, la réalité sur terrain est pourtant bien confirmant. En effet, bien qu’il a été difficile pour nos répondants de pouvoir estimer l’augmentation du fumier récolté aujourd’hui comparativement à ce que rapportaient leurs animaux lorsqu’ils étaient encore élevés extensivement, tous s’accordent affirmer que l’accroissement de la quantité du fumier récolté aujourd’hui est remarquable.

CONCLUSION PARTIELLE

Les bienfaits environnementaux qu’a eu la mise en application de l’ESP dans le secteur de Rubengera consistent surtout d’une main forte qu’elle a prêtée aux différents efforts que l’état avait déjà entrepris dans le cadre de la protection et la conservation de l’environnement comme la LAE, la fertilisation des sols, le reboisement et la lutte contre la perte de la biodiversité. Néanmoins, nous reconnaissons que ces bienfaits, pour être durables, requièrent une attention et un suivi de la part des autorités mais en collaboration avec la population.












CONCLUSION GENERALE ET RECOMMANDATIONS

Au terme de ce travail dont l’objectif était de déterminer la part de la politique d’ESP dans le succès des diverses politiques de conservation et de protection de l’environnement et de montrer comment cette part peut être renforcée, nous tenons à faire remarquer que toutes nos hypothèses de travail ont été confirmées. Ainsi, pour le cas de la première hypothèse stipulant que l’ ESP a un effet direct sur le succès des actions menées dans le cadre de la LAE, nous avons vu que ceci se manifeste par le fait que pour avoir du fourrage suffisant pour leur bétail désormais en stabulation permanente, la population s’est lancée vers la plantation intensive plantes fourragères et qu’à cause de l’exiguïté des champs individuels dans cette région, la population a remarqué que la solution résidait à la valorisation des talus des terrasses (que ça soit radicales ou progressives) en les plantant de ces herbes ou arbres fourragers ce qui contribua énormément à la stabilisation de ces derniers. Pour la deuxième hypothèse posant le fait que l’ESP contribuerait positivement à l’effort de reboisement national en cours aujourd’hui, nous avons vu que l’échec relatif remarqué dans les années où l’élevage extensif était encore admis était en grande dû au fait que les arbres plantés étaient empêchés de pousser par les animaux errants qui les broutaient ou les piétinaient. Ainsi, le bannissement de la libre circulation des animaux a fait que le taux de croissance des arbres plantés aujourd’hui est remarquablement plus intéressant que dans ces époques-là. Enfin, pour la troisième hypothèse selon laquelle l’imposition de l’ESP a eu des répercussions positives dans la lutte contre la dégradation des sols du secteur Rubengera, nous avons remarqué que quand l’animal reste en étable, la qualité du fumier provenant de cet animal est fortement améliorée puisque, les proportions des déjections solides, des déjections liquides et de la litière sont optimales. Mais aussi, nous avons vu que la quantité augmente elle aussi parce que l’animal dans ces conditions exige plus de litière et qu’il n’y a pas de déjections laissées sur les collines à l’extérieur. Cette amélioration de la qualité et la quantité du fumier récolté a alors un effet évident dans l’amélioration de la fertilité des sols.

Néanmoins, nous avons vu aussi que les agri-éleveurs dans ce secteur rencontrent beaucoup de problèmes et que pour pouvoir optimiser ces multiples effets positifs de l’ESP sur l’environnement, les recommandations suivantes s’avèrent nécessaires :  Il faut initier la population aux techniques modernes de conservation du fourrage par ensilage ou autres moyens afin de leur aider à faire face au problème de disponibilité du fourrage durant les périodes sèches ;  Une attention plus particulière devrait être portée sur la promotion des arbres et arbustes fourragers puisque, les atouts du fourrage provenant de ces derniers comparativement au fourrage herbeux sont multiples (disponibilité en tout temps, valeur nutritive plus élevée,….) ;  Il faut une diversification des espèces d’herbes fourragères cultivées dans ce secteur. On remarque que les graminées sont assez abondantes mais que les légumineuses sont rares ce qui fait que l’affourragement des animaux dans ce secteur soit remarquablement déficitaire.

Somme toute, il faut remarquer qu’il faudrait des recherches plus minutieuses afin d’identifier tous les effets qu’a eu l’ESP dans le domaine de la protection de l’environnement puisque, à notre point de vue, se servir de ces effets comme exemples lors des campagnes de sensibilisation de la population dans le cadre de cette politique d’ESP aiderait à leur convaincre que ce n’est pas seulement un règlement pour améliorer le rendement économique de l'élevage, mais aussi pour mieux gérer leur environnement ce qui faciliterait aux autorités la tâche de faire accepter cette pratique à la population.





REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

I. LIVRES GENERAUX

1. Bogoh L., Les aliments du bétail dans les tropiques, ONUAA, Rome, 1982 2. Coraille, C., La vache laitière, Vigot frères, Paris, 1973 3. Demolon, A, Croissance des végétaux cultivés, Dunod-Paris, 1968. 4. Hans, G. Jahnke, Systèmes de production animale et le développement de l’élevage en Afrique tropicale, Kicler Wissenshaftsverlag Vauk, Postfach, 1984 5. HARVARD, D.Duclos, Pâturages et fourrages tropicaux, Maison rustique, Paris, Sd 6. HOSTE, Christian, Politiques de développement de l’élevage en Afrique subsaharienne, Armand Collin, Paris, 1986 7. Houerou Le HN, Agroforestry technics for the conservation and improvement of soil fertility in arid and semi-arid zones, Addis Ababa, 1980. 8. Jones RG, Leucaena Leucocephala dans l’alimentation des bovines sous les tropiques, Rome, 1979. 9. Marcello Piccioni, Dictionnaire des aliments pour les animaux, Officine grafishe Calderni, Bologna, 1965 10. Martinot, R., La stabulation libre des bovins, Eyrolles, paris, 1971 11. Sainbury, D., Logement et Santé des animaux, Technipel, Paris, 1968 12. Soltiner, D., Les bases de la production végétale, Collection Sciences et Techniques Agricoles, 1978. 13. Walker BH, A review of browse and its role in livestock production in Southern Africa, Addis Ababa, 1980. 14. Wolkowitsch, M., L’élevage dans le monde, Armand Collin, Paris, 1966



II. LIVRES SPECIFIQUES

1. Bazivamo Christophe, Protection et conservation des sols et de l’eau du Rwanda, Kigali, sd. 2. Deshouyterner I., Intensification pastorale et fourragère au Rwanda, ISAR, Rubona, 1974. 3. Desouter S., Abrégé agropastorale au Rwanda, Presse agronomique de Camblouy, 1982 4. Egli A., Les arbres et arbustes fourragers au Rwanda, ISAR, 1988 5. Furnermont, Comment marier l’élevage et l’agriculture, ISAR, Rubona, 1974

III. THESES ET MEMOIRES

1. GATEMBEREZI S., L’élevage bovin dans le district de Butaro, situation et perspectives, Huye, 2006 2. MULINDWA Zébron, Les conséquences géographiques de la pression démographique sur le versant ouest de la crête Zaïre Nil en préfecture de Kibuye (Rwanda), Bruxelles, 1985. 3. NYETERA Eugène, Influence des différents types de matière organique (fumier bovin, fumier de caprins et compost) sur quelques caractéristiques physiques, chimiques et sur la productivité agricole du sol, Butare, 1990. 4. Nyiransengimana E., La situation de l’élevage dans le contexte de l’agriculture urbaine dans la ville de Kigali et ses environs, Butare, 2003.

IV. RAPPORTS

1. DEMP, Profil environnemental du district Karongi, Kigali, 2007. 2. Plan de développement du district Karongi, Karongi, 2007. 3. Rwanda, Minisiteri y’ubuhinzi n’ubworozi, Enquete nationale agricole 1989 : Production, Superficie, Rendement, Elevage et leur évolution 1984 – 1990. ANNEXES

Annexe 1. UN MOT SUR LES ARBRES ET ARBUSTES FOURRAGERS DANS LE SECTEUR DE RUBENGERA

La mise en stabulation du bétail a nécessité une intensification des cultures fourragères. Le manque du terrain approprié et les problèmes des cultures d’herbe fourragères en saison sèche a forcé alors l’autorité et la population éleveur à la recherche et la valorisation d’autres ressources fourragères dont les arbres et arbustes fourragers. Ils se cultivent soit isolement, autour ou à l’intérieur des champs, soit sur les dispositifs de LAE soit en peuplement forestier d’arbres fourragers. Traditionnellement, le fourrage provenant des ligneux sert tout d’abord soit de complément, soit de réserve pour les époques de carence en fourrage. Comparativement aux herbes fourragères, les arbres et arbustes fourragers présentent plusieurs atouts. Mis à part le fait le fourrage provenant de ces derniers est disponible toute l’année durant, même dans la saison sèche, où le problème d’affouragement du bétail est le plus aigu, la valeur nutritive de ces fourrages est aussi supérieure à celle du fourrage herbeux. La qualité et la valeur fourragère d’une plante résulte d’une part de son appétibilité et de sa consommation volontaire par les animaux et d’autre part, de sa valeur nutritive c'est-à-dire de sa composition et de sa digestibilité(Le Houerou,1980). En ce qui concerne l’appétibilité et la consommation volontaire, Le Heroue (op.cit.) et Walker(1980) signalent que ce sont des notions complexes qui dépendent de plusieurs facteurs variant dans le temps et dans l’espace et liés à la plante, à l’animal et son environnement. Quant à la valeur nutritive, on remarque que la teneur des ligneux en fibres brutes (FB) est souvent plus élevée par rapport à celle des herbes tandis que leur digestibilité est moins bonne. Ensuite le taux des éléments nutritifs et d’oligo éléments est normalement très élevé bien qu’il change en fonction de la saison, du stade d’évolution de la plante, etc. Dans tous les cas le taux de protéines brutes est toujours élevé par rapport aux herbes fourragères. Pourtant cette présentation favorable de la qualité supérieure du fourrage ligneux doit être pondérée par le fait que la digestibilité de celui-ci est rendue médiocre par leur rapport Ca/P toujours très élevé, la présence des tannins, de latex, de résines, d’alcaloïdes et d’acides divers (Egli Arnold 1988) ainsi que quelques acides aminés inhibiteurs comme est le cas de la mimosine dans le L.Leucocephala qui fait que pour profiter le plus possible des qualités fourragers de cette plante, elle ne doit pas dépasser 30% de la ration d’affourragement.

1.1. Les espèces rencontrées dans la région et leurs propriétés

1) Calliadtra Calotyrsus

C’est un arbuste qui s’adapte aux hautes altitudes et à usages multiples dont le potentiel fourrager couplé à sa manutention facile a été à la base de son extension rapide à travers le secteur. C’est un espèce à croissance si rapide que des rendements de 200kg de matière sèche (MS) par an, soit un rendement relatif de 10,6T/ha, ont été rapportés dans les stations de recherche par ISAR à Bubazi (dans l’actuelle cellule de Bubazi) Par rapport à d’autres espèces, le Calliandra jouit de plusieurs avantages dont l’installation rapide, tolérance des sols acides, absence des toxines dans les feuilles et plantation possible à des altitudes élevées.

2) Leucoena Leucocephala

Comparativement à Calliandra, la production fourragère de Leucaena est plus intéressante. En effet des rendements de 20 tonnes de matières sèches par an ont été rapportés et ce, avec des qualités fourragères comparables à celle de la Luzerne. Cependant son extension reste controversée. En effet, bien que sa multiplication et son installation soient aisées, son accroissement initial est relativement lent par rapport à d’autres plantes fourragères de façon que ses jeunes plants nécessitent une protection contre le broutement sauvage et la compétition de la végétation environnante. Ensuite le Leucaena Leucocephala s’adapte mal aux sols acides et enfin, le taux de mimosine allant jusqu'à 12% de la matière sèche dans ses méristèmes terminaux, toxiques surtout dans les ruminants, ralentit l’extension de cette légumineuse à grande échelle.

Pour ce dernier point cependant, il importe de signaler que des mesures peuvent être prises pour limiter cette toxicité. Il s’agit de limiter à 30% le taux de L. Leucocephala dans la ration d’affouragement du bétail, de hacher les feuilles avant la distribution aux bêtes et d’habituer les ruminants progressivement à des proportions de L. Leucocephala plus élevés en fonction du développement des micro-organismes digérant la mimosine. Ici, l’on donne l’exemple où le liquide ruminal des caprins a neutralisé la mimosine pure de 998% en cinq heures (Jones, 1979).

3) Sesbania Sesban

C’est un arbuste a croissance rapide et à courte révolution (trois a cinq ans). Parmi les arbustes légumineux fourragers, S. Sesban s’adapte le mieux aux conditions pédologiques acides avec déficience en phosphore. Sa production peut atteindre 10T de MS (matière sèche) par hectare. En plus de sa production fourragère et de ses autres multiples rôles secondaire pour le paysan (produire de tuteurs, bois de chauffage, …), les fleurs de S. Sesban (Umunyegenyege) sont consommables comme légumes et ses graines, après 30minutes de trempage, sont également consommées dans les periodes de carence (famine).

4) Ficus Sp.

Le genre de Ficus Sp de la famille des moracées compte plus de 800 espèces. Dans le secteur de Rubengera, l’espèce le plus rencontré es le Ficus Thonningii (Umuvumu) et grâce à sa multiplication rapide par boutures, les paysans de cette région l’utilisent régulièrement les produits d’émondage de cette plante comme fourrages pour les chèvre surtout et ensuite utilisent ce qui reste comme combustible de ménage.



5) Bambusa Vulgaris

L’utilisation des jeunes pousses de B. Vulgaris ou Bambou de Chine comme denrée alimentaire est plutôt récente parmi la population du secteur Rubengera. Pourtant, la valeur de cette plante comme source de fourrage est connue depuis longtemps. En effet, ses teneurs élevées en protéines, fibres et cendres le font un fourrage de qualité et son quotient Ca/P de 1,7 favorise une digestion normale de ses feuilles contrairement à la plupart d’autres fourrages ligneux. Ainsi, les paysans ont pris l’habitude de le planter aux bords des rivières et aux limites des champs. A la récolte, ils fournissent ses feuilles aux animaux (chèvres surtout) tandis que les tiges sont utilisées soit comme combustible de ménage, soit comme clôture autour de leurs enclos.

Annexe 2. QUESTIONNAIRES D’ENQUETE

2.1..QUESTIONNARE RESERVE AUX AGRICULTEURS-ELEVEURS IDENTIFICATION DE REPONDANT

Nom et prénom :………………………………………………………………………….. Cellule de résidence :……………………………………………………………………..

1. Concernant votre élevage

a) Quel type d’animaux avez-vous ? - Vaches - Caprins (Chèvres et moutons) - Volailles (poules, dindons,…) - Autres (précisez)…………………………………………. b) Combien d’animaux par espèces : - Avez-vous aujourd’hui ?.................................................................................................. ............................................................................................................................................ - Aviez vous avant l’instauration de la politique d’élevage en stabulation permanente ?.........................................................................................................................................................................................................................................................................




2.a) Quels espèces des fourrages cultivez vous pour votre bétail ? .......................................................................................................................................................................................................……………………………………………………….

   b) De quelle façon parmi les suivantes vous cultivez les fourrages pour votre bétail ?
          - Au bord de la route
          - Au bord des parcelles champêtres 
          - Au bord de la rivière
          - Dans vos champs  

c) Avez-vous augmenté la longueur des fourrages depuis que la politique de l’élevage en étable est en vigueur ? Oui Non d) Si Oui,combien de mètres pour chaque tête de bête ? ................................................................................................................................................ 3. a) Lorsque vos bêtes circulaient et broutaient sur les collines, causeraient elles l’accrue de l érosion ? Oui Non b) Si Oui de quelle manière ?.............................................................................................. ………………………………………………………………………………… ……….... 4. a) Y avait il des conflits entre vous et d’autres a cause de vos bêtes qui endommagent leur forets ? Oui Non b) Si Oui y en a-t-il aujourd’hui ? Oui Non Pourquoi ?.......................................................................................................... …………………………………………………………………………………………….. 5. a) Combien de leviers du fumier récupériez vous par tête d’animal par semaine lors qu’elle circulaient et broutaient sur les collines ?............................................................ …………………………………………………………………………………………. b) Aujourd’hui, l’animal est en étable,y a-t-il eu l’augmentation de la quantité du fumier ? Oui Combien de leviers par semaine ? Non c) L’augmentation de la quantité du fumier, a-t-elle provoqué l’augmentation de la récolte dans vos champs ? Oui Non 6 .Quelle, selon vous a été la contribution de l’élevage en étable pour la protection de l’environnement ?..................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................


7.a) Y a-t-il d’espèces de fourrages ligneuses cultivez vous dans vos champs ? Oui Non

b) Sauf qu’elles servent la nourriture pour votre bétail,

     - jouent elles un rôle pour la protection de l’environnement
      Oui
       Non

- Ont-elles un impact négatif pour la productivité de vos champs

      Oui
      Non

8. Quels sont les problèmes rencontrez vous dans votre élevage en stabulation permanente ?........................................................................................................................................................................................................................................................................ 9 .a) Quelles sortes de produits utilisez vous pour l’entretien de vos bêtes ?........................ ................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................ b) Y en n’a-t-il pas de dégâts, endommagements ou pollutions que causent ces produits pour l’environnement ? Oui Comment ?.............................................................................................. Non


2.2. QUESTIONNAIRE RESERVE AUX AUTORITES DE BASE

Nom :………………………………………………………………………………… Fonction :…………………………………………………………………………….. Niveau d’étude :………………………………………………………………………

1. Quels problèmes rencontrent les agri éleveurs dans votre secteur dans le cadre de l’élevage en stabulation permanente ?.................................................................................. ................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

2. Quel, selon vous, a été l’impact de la mise en application de cette politique sur les méthodes de lutte contre l’érosion ? (Les terrasses, haies anti-érosives) ……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………


3. Quel, d’après vous, a été l’impact de la mise en application de cette politique sur le reboisement ? (Les chiffres et l’état de croissance si possible)…………………………… ………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………

4.a) Y a-t-il des espèces tant végétales qu’animales menacées dans votre secteur ?

Oui Lesquelles ?................................................................................................. Non

 b) Estimez vous que l’élevage extensif constituait un danger pour ces espèces ?

Oui Comment ?............................................................................................ Non

5. D’après vous, l’élevage extensif constituait-il une menace pour les écosystèmes fragiles dans votre secteur ? (Rivières, marais et lac Kivu)

Oui Lesquelles ?........................................................................................ Non

6. Quelle est votre appréciation sur l’apport de la mise en application de politique à l’amélioration de la fertilité des sols dans votre secteur ?..................................................... ……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………… 7. Quels sont les produits que les agri éleveurs dans votre secteur utilisaient –ils pour l’entretien de leur bétail dans les étables? (Lutte contre les tiques et mouches) ……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………..

8. Est-ce que l’accroissement de l’utilisation de ces produits no constitue- t-il pas une menace pour l’environnement ? (Ex : pollution de l’eau, du sol,..)

Oui De quelle manière?............................................................................. Non

9. a)Quels sont les espèces utilisées par les agri éleveurs dans votre secteur comme fourrages pour leur bétail ?................................................................................................... ……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………..

b) Y a-t-il des espèces ligneuses parmi elles ?

Oui Non Si Oui lesquelles ?................................................................................................................. ………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………

c) Jouent-elles un rôle pour la protection de l’environnement ? Oui Comment?............................................................................................... Non

10. Evoquez le nombre des plants par espèces que vous possédez dans vos pépinières. Espèce effectif - - - -

11. Faites nous un résume des effectifs des arbres plantés durant ces dernières années.

Période Arbres plantés 2006 2007 2008